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Côte d'Ivoire :  Insuffisance des plateaux techniques, retard dans le paiement de leurs primes, insuffisance de logement, comment les Internes des hôpitaux souffrent dans le silence (Reportage)
 

Côte d'Ivoire : Insuffisance des plateaux techniques, retard dans le paiement de leurs primes, insuffisance de logement, comment les Internes des hôpitaux souffrent dans le silence (Reportage)

 
 
 
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© Koaci.com - dimanche 29 mai 2022 - 14:55

On les rencontre tous les jours dans les différents services des urgences (urgences médicales, chirurgicales, gynécologiques, pédiatriques etc.)


des Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) existant sur l’ensemble du territoire national. Au premier contact, rien ne les distingue des grands pontes de la médecine, mise à part leur air juvénile. Eux, ce sont les Internes des hôpitaux. Pour faire simple, si vous avez une fois été hospitalisé ou pris en charge aux urgences dans un CHU, alors, vous avez sûrement eu affaire aux Internes. En première ligne dans nos CHU, mais aussi dans les Institutions spécialisées comme l’Institut Pasteur, le Centre National d'Oncologie Médicale et de Radiothérapie Alassane Ouattara (CNRAO), le Laboratoire national de la santé publique (LNSP), l’Institut National d'Hygiène Publique (INHP) ou encore l’Institut National de Santé Publique (INSP), ils sont pourtant méconnus du grand public. Qui sont donc réellement ces internes des hôpitaux ? Que font-ils exactement et quelles sont les difficultés qu’ils rencontrent dans l’exercice de leurs taches ? La rédaction de KOACI a fait une incursion dans leur milieu au CHU de Treichville, au sud d’Abidjan.


Samedi 21 mai 2022, nous sommes à l’internat des médecins du CHU de Treichville. Sur le lieu, se dresse un bâtiment R+2 dont la façade n’a plus connu la moindre opération de ravalement depuis un long moment. Au sein de ce bâtiment, des maisons chambre-salon et des studios. En face, sont construites des maisons basses de types studios. Sur cet espace, se trouve également un restaurant et une aire de jeu. C’est ici que sont logés les Internes exerçants au CHU de Treichville. Après quelques minutes passées à nous faire une connaissance de ce lieu, nous sommes mis en contact avec Docteur Touré Massiri, médecin interne des hôpitaux, un interne de 4è année. C’est lui, le président de l’Association des Internes des Hôpitaux de Côte d’Ivoire (AIHCI), qui regroupe en son sein, des médecins et des pharmaciens. Précisément interne des cardiologies, il est en 2è année de spécialisation en cardiologie. Cet homme, la trentaine à peine révolue, a accepté de nous dire tout concernant les Internes des hôpitaux.


« Les Internes sont des médecins et des pharmaciens de la faculté de médecine et de pharmacie qui, après la cinquième année pour les médecins et la quatrième année pour les pharmaciens, peuvent passer un concours du ministère de la santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle et du ministère de l’enseignement supérieur pour devenir internes des hôpitaux. Ces internes des hôpitaux sont recrutés au terme de ce concours et mis à la disposition du ministère de la santé pour occuper les services hospitalo-universitaires. Ils sont recrutés pour travailler dans les CHU, mais aussi dans les structures sanitaires spécialisées », explique notre interlocuteur d’entrée.


Il poursuit : « Les hôpitaux font partie intégrante des services de l’interne, à savoir la réception du malade et sa prise en charge globale. Cependant, les internes travaillent toujours sur la supervision d’un chef de service qui est le plus souvent un professeur ».


Plus loin, il nous révèle la vocation à terme des internes, qui est de devenir des enseignants-chercheurs et des chercheurs dans les facultés universitaires.


« L’interne des hôpitaux (médecin ou pharmacien), est un aspirant hospitalo-universitaire. Dans notre système de santé, pour pouvoir devenir assistant-chef de clinique, et donc universitaire en faculté de médecine, il faut obligatoirement passer par le concours de l’internat. On est recruté interne en fin de 5è année si on est reçu au concours, qui est d’ailleurs un concours très sélectif. Après admission à ce concours, vous êtes internes pendant 4 années et après ces 4 années, vous postulez pour le concours d’assistant-chef de clinique. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que l’interne des hôpitaux, c’est vraiment la cheville ouvrière de nos hôpitaux. Pour me résumer, je dirai que l’interne c’est la garde dans les CHU, l’interne, c’est l’aspiration à devenir enseignant-chercheur. C’est le vivier universitaire de notre système de santé en Côte d’Ivoire », indique-t-il.


En Côte d’Ivoire, le nombre des internes des hôpitaux va croissant en fonction de la demande de la population ivoirienne. Crée en 1968 après le tout premier concours des internats des hôpitaux, ce maillon du personnel médical ne comptait qu’entre 30 et 40 membres. Aujourd’hui, en 2022, les internes des hôpitaux sont estimés à plus de 400 membres. Un nombre assez important à première vue, mais qui ne répond toujours pas à la demande du système sanitaire en raison de la croissance de la population.


« Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, il faudrait au moins un millier d’internes d’hôpitaux pour assurer à bien les taches hospitalières qui leur sont confiées », confie Docteur Touré Massiri.


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Et les taches hospitalières, Dieu seul sait combien elles sont nombreuses et difficiles. Le président de l’AIHCI nous en égrène quelques unes.


« Les difficultés des internes des hôpitaux résident dans les défaillances du système de santé ivoirien à savoir : l’insuffisance du plateau technique. L’interne est habilité à exercer dans les CHU de notre système de santé et donc des services universitaires, des services publics. Malheureusement dans ces services, le plateau technique est très insuffisant. Nous prenons les gardes avec pas mal de difficultés. C’est le lieu pour nous de lancer un appel à nos autorités, afin qu’elles nous permettent d’exercer notre métier dans de meilleures conditions. L’interne des hôpitaux est avant tout, un grand technicien de santé qui est qualifié dans l’apport des soins. Sans plateau technique suffisant, il est difficile pour nous de nous exprimer », regrette-il.


L’autre principale difficulté, c’est l’avenir de ces internes qui quelques fois s’inscrit en pointillé.


« Au-delà, l’autre difficulté, c’est le devenir de l’interne. Avant, les internes n’étaient que 40. Il était donc plus facile de caser ces 40 internes en assistant-chef de clinique. Mais il est très difficile d’en caser 400, ce qui veut dire que naturellement, qu’on a des craintes quand à notre devenir. Pour cela, nous lançons encore un appel à nos autorités pour essayer d’améliorer le recrutement futur des internes des hôpitaux pour la suite de leurs carrières. La première chose qui conditionne un étudiant de 4è ou 5è année à passer le concours, c’est le rêve de devenir un jour professeur en médecine ou en pharmacie. Ce rêve ne doit pas être brisé », plaide-t-il.


Outre ces problèmes évoqués, les internes des hôpitaux font également face à un souci de prime. Il y a énormément de retard dans le payement de leurs émoluments. Du coup, ils éprouvent de réelles difficultés à faire face à leurs charges familiales ou personnelles. Quand on sait qu’ils doivent s’occuper des patients à leur charge dans de telles conditions, il y a de quoi craindre quelques fois. A cela, s’ajoute l’insuffisance des logements. Vu leur grand nombre de plus en plus important, l’Etat n’arrive plus à les loger tous sur leur lieu de travail. Pourtant, ils doivent assurer la garde tous les soirs dans les CHU. L’hébergement est donc une autre grosse épine aux pieds de ces internes qui sont souvent amenés à faire plusieurs nuits de garde. Ces hommes et ces femmes ne sont pas non plus à l’abri des agressions de certains patients qui en attendent plus d’eux. L’on a encore en mémoire cette interne du CHU de Bouaké qui a été battue par un patient. Une affaire qui a fait sortir de leur gong, l’ensemble des internes des hôpitaux de Côte d’Ivoire pour réclamer justice et réparation.


« Le samedi de l’interne », un cadre de rencontre pour échanger sur tout ce qui touche à la carrière des internes des hôpitauxFace à toutes ces difficultés, l’Association des Internes des Hôpitaux de Côte d’Ivoire (AIHCI) a initié depuis le début de cette année, un cadre de rencontre et d’échanges entre ses membres pour mieux faire face aux différents défis qui se présentent à eux dans leurs parcours. Dénommé « le samedi de l’interne », cette première rencontre a eu lieu le samedi 21 mai dernier au CHU de Treichville.


« Il fallait créer plusieurs cadres de rencontres des internes, parce que pendant longtemps, nous avions un seul cadre de rencontre qui était d’ailleurs annuel. Il s’agit de la journée scientifique des internes des hôpitaux. En 50 années d’existence, il n’y a eu que 13 journées. Pour rendre les choses plus dynamiques, nous avons en cette année 2022, initié « le samedi de l’interne » dans chaque village des internes. Ce que nous appelons « village » dans notre jargon, ce sont les CHU qui abritent en leur sein, des internats de médecins et de pharmaciens internes des hôpitaux. Nous avons 5 villages qui correspondent à nos 5 CHU et nous avons pris 5 samedis dans l’année au cours desquels nous aurons des rencontres pour échanger sut tout ce qui touche à la vie et à la carrière des internes des hôpitaux. Cette trouvaille vient s’ajouter à la journée scientifique qui existait déjà. Cela nous fait donc 6 événements dans l’année pour plus de 400 internes que nous sommes. Nous pensons que cela va favoriser plus de rencontres dans l’optique de l’atteinte de notre objectif », a fait savoir le président de l’AIHCI, le Docteur Touré Massiri.


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La fondation APB, un soutien pour l’AIHCI


 

Partenaire de l’événement, la fondation Action Pour le Bien (APB) présidée par Hassan Ismaël, a réitéré à l’AIHCI, son indéfectible soutien en l’accompagnant dans l’organisation de cette rencontre. Docteur Doh Guy Joris, directeur exécutif de cette fondation, a loué le courage et l’abnégation de ces jeunes médecins et pharmaciens qui, malgré les difficultés, sont toujours à leurs postes pour apporter une solution médicale aux citoyens.


« Ce que font les internes des hôpitaux est vraiment important. Cela fait un moment que nous sommes partenaires avec eux. Pour nous Fondation Action Pour le Bien qui adresse un peu les problématiques dans plusieurs domaines, ils sont nos interlocuteurs directs dans le domaine de la santé. Il n’y avait pas de raison qu’à cette journée de l’interne qui consacre les retrouvailles entre ces jeunes, mais très dynamiques médecins et pharmaciens qui ont aussi besoin de souffler, se retrouver pour parler de leurs problèmes, leurs droits et réfléchir à leur avenir, nous fondation Action Pour le Bien ne soyons pas là. Nous avons dans notre communication, encouragé ces médecins et pharmaciens et plaidé pour qu’ils aient un regard bienveillant sur les malades qu’ils reçoivent. Le travail est déjà bien fait, mais nous voulons les encourager davantage. A l’instar de tout homme, ils ont besoin aussi d’avoir l’esprit ouvert, parce que ce sont des gens qui font des gardes de trois voire quatre nuits. Ils sont sous la pression et dans la perspective de leur permettre de se recréer et de souffler, nous les accompagnons », explique t-il.


Pour lui, il important que l’AIHCI soit soutenu, parce que les internes des hôpitaux tiennent la vie de plusieurs patients dans les CHU.


« Outre l’Etat, il faut bien qu’il y ait des organisations qui veuillent bien aider ces personnes, car il ne faut pas attendre que quelque chose se passe mal dans un CHU ou dans une pharmacie pour les clouer au pilori ou tirer sur eux. Il faut comprendre comment ils vivent, les côtoyer, les pratiquer pour connaitre leurs problèmes et les aider à être libre dans la tête, afin qu’ils soient plus productifs », a-t-il ajouté.


Au nombre des besoins exprimés par les internes des hôpitaux de Côte d’Ivoire, il y a aussi la question du renouvellement de leurs blouses. A l’occasion de cette activité, la fondation Action Pour le Bien, leur a offert plusieurs dizaines de blouses. Ces différentes actions de bonne volonté de la fondation APB, en faveur des internes des hôpitaux doivent être imitées par d’autres ONG, en vue d’améliorer les conditions de travail et de vie de cet important maillon du service hospitalo-universitaire. Car, un interne bien formé sera ensuite un chef de clinique bien formé.



Wassimagnon



 
 
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