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Cameroun: Reportage, Port de Kribi, les indemnisations divisent des villages et jettent les familles  à la rue
 

Cameroun: Reportage, Port de Kribi, les indemnisations divisent des villages et jettent les familles à la rue

 
 
 
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© Koaci.com - mardi 14 janvier 2020 - 04:46

Sur la cour de Nga Nounga à Mboro (Ph Koaci)


Ce 23 décembre 2019, il est 8 heures lorsque nous nous rendons à la rencontre de Nga Nounga julienne avec qui nous avons pris rendez-vous 24 heures plus tôt. 


Vêtue d’un pantalon bleu, d’un tee-shirt blanc et des lunettes noires, qui l’aident visiblement à défier le soleil qui surplombe la ville de Kribi, la dame d’une soixantaine d’années est assise sur un banc en bois au milieu de sa cour.  

Elle tient sa tête entre ses deux mains. Elle ne cesse de la secouer de gauche et à droite à l’évocation du sujet des indemnisations du Port de Kribi

Originaire du village Mboro, Julienne Nga Nounga est mère de 7 enfants dont 5 garçons et 2 filles.

Elle vient de passer 4 mois à la police judiciaire de Yaoundé dans le cadre des indemnisations du Port de Kribi.


"On m’accusait d’avoir un faux titre foncier quand j’ai déposé ma plainte contre le Port en eau profonde de Kribi. Mais ils ont vérifié et ils m’ont libéré je crois qu’ils ont voulu nous faire peur", affirme la sexagénaire.  

  

Julienne Nga Nounga n’arrive pas à comprendre comment elle n’a perçu que 600 mille FCFA au titre d’indemnisation dans le cadre de la construction du Port en eau profonde de Kribi.


" Ils ne m’ont remis que 600 mille FCFA. Pourtant j’ai 300 mètres carrés titrés et de l’autre côté de la route, j’ai plus de 1500 mètres carrés", ajoute-t-elle en nous indiquant de la main un vaste terrain en face de son domicile.

Malgré l’indemnisation, la famille n’a pas encore quitté les lieux mais elle sait que ses jours sont comptés sur cette parcelle qu’elle a toujours occupée et qui a vu naitre, grandir et mourir ses générations entières.


Les voisins de Nga Nounga sont également concernés par ces indemnisations. 

De nombreux habitants s’expriment en langue locale. Selon le traducteur, tous décrient les indemnisations du port de Kribi. 

Après cet état de lieu, le 24 décembre nous effectuons une visite guidée chez Piga, un notable de premier rang que nous rencontrons en l’absence du chef. 


Selon ce notable, certains villages ont complètement disparu de la carte.


 

"Le port est bâti sur près de 30 000 hectares. Ce vaste projet a jeté à la rue des familles entières certains villages sont mêmes divisés" explique Jean Piga notable de premier plan à la chefferie de Grand Batanga.


Des familles entières de Pygmées sont délocalisées. Ces peuples habitués à vivre de la chasse et de la cueillette n’ont pas été recasés dans un autre campement.


"Nos frères pygmées de Mboro sont dans campements. Eux qui vivent de la chasse et de la cueillette n’ont plus de foret", fait savoir le notable. 

Certains d’entre nous qui sont des spécialistes de l’agriculture se retrouvent obligés de faire la pêche faute de terres.


Je ne m’attendais pas à voir autant de personnes qui dénoncent les indemnisations liées au projet du port en eau profonde de Kribi. 


Nguiamba Marinette la trentaine largement entamée n’a pas pu inhumer sa défunte maman sur la terre de leurs ancêtres car leur famille avait été indemnisée et déplacée sur un autre site.

" La construction du port n’a pas permis qu’on enterre notre maman sur notre terrain familiale. Nos tombes ont même été outragées et détruites. Nous allons quitter nos terres ancestrales en laissant derrière nous les tombes de nos ancêtres. C’est un déracinement ", souligne Marinette.


 

Selon Jean Piga les études d’impact environnemental ont été bâclées par le comité.  

L’étude d’impact environnemental prévoyait pourtant des réinstallations et des recasements. 


Ponce-Pilatisme  


Du côté des administrations, l’on indique avoir fait ce qu’il fallait pour désintéresser le maximum de personnes.   

A la préfecture, le chef service juridique brandit la mercuriale.

 "Toutes les personnes expropriées ont été indemnisées comme le prévoit la loi relative à l’expropriation pour cause d’utilité publique", souligne-t-il.


Selon le service juridique de la préfecture de l’Océan, plusieurs faux titres fonciers ont été établis à Mboro en vue de spolier l’Etat.

A la délégation des Domaines du Cadastre et des affaires foncières c’est la même rengaine. Le délégué départemental affirme que tous les ayants droits ont été désintéressés. Pour nous convaincre davantage il nous brandit une liste d’émargements. 

Les responsables administratifs ne souhaitent pas être cités par la presse. 


A la délégation du ministère de l’agriculture et du développement rural, l’on ne parle pas. Ici c’est la loi de l’omerta. Les portes resteront fermées malgré notre insistance.  

Nous n’aurons pas l’occasion de vérifier les accusations des populations sur les non indemnisations des plantations.  

Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun

-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com- 


 
 
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