Des agents Camtel ce 1er Mai (ph)

Dans une atmosphère contrastée entre festivités et tensions sous-jacentes, Cameroon Telecommunications (Camtel) a célébré la 139ᵉ édition de la fête du travail au Cameroun, placée sous le thème « Dialogue social et travail décent pour un Cameroun serein ». Si l'opérateur historique des télécommunications a brillé lors du défilé officiel en remportant le prix d'excellence du Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale (Mintss), les réjouissances au sein de l'entreprise ont révélé des problématiques profondes que la direction et les employés doivent affronter.

Reconnaissance entachée par des difficultés internes

Les festivités, qui avaient débuté plusieurs semaines auparavant avec des activités sportives, des journées portes ouvertes et des sessions de renforcement des capacités, ont culminé avec la grande parade au boulevard du 20 mai à Yaoundé. Parmi plus de 50 entreprises participantes, Camtel s'est distinguée en se classant troisième au prix d'excellence, récompensée pour sa discipline, sa résilience et sa patience face aux défis du secteur.

Cependant, lors des réjouissances au club Camtel, le contraste entre cette reconnaissance publique et les réalités internes est apparu au grand jour. Jean Rodrigue Mbia, représentant des délégués du personnel, a présenté un tableau nuancé de la situation sociale au sein de l'entreprise.

Dialogue social, entre avancées et frustrations

Le délégué a reconnu que le dialogue social est une réalité à Camtel, saluant notamment les deux années d'opérationnalisation du comité d'hygiène et sécurité, l'achèvement des travaux de reclassement et d'avancement, ainsi que l'ouverture des négociations pour une convention propre à l'entreprise. Le paiement en cours des indemnités de fin de carrière, une mesure attendue depuis longtemps, a également été apprécié.

Toutefois, plusieurs points de friction persistent. M. Mbia a dénoncé des injustices concernant l'attribution des primes qui compromettraient la justice sociale. Il a également évoqué plusieurs doléances urgentes : la finalisation de la révision du statut du personnel, le paiement tardif de certaines primes, l'absence persistante d'un tableau d'avancement clair, et les lenteurs administratives dans le traitement de certains dossiers, notamment ceux relatifs aux médailles d'honneur du travail.

Riposte de la direction générale

En réponse à ces revendications, la Directrice Générale, Judith Yah Sunday, a adopté un ton ferme, dénonçant des comportements qu'elle juge inacceptables au sein de l'entreprise : vol, arnaque aux clients, non-respect de la hiérarchie et absentéisme. Plus grave encore, elle a pointé du doigt des actes de vandalisme et de sabotage des équipements, parfois avec la complicité d'agents de Camtel, des actes qui nuisent à l'ensemble de l'économie numérique du pays.

« Camtel est parfois saboté de l'intérieur », a-t-elle affirmé, révélant que 36 agents ont été radiés en 2024 après avoir été traduits devant le conseil de discipline pour diverses infractions graves. « C'est une honte pour un pays comme le Cameroun qui aspire à l'émergence d'avoir à se battre contre ses enfants », a-t-elle ajouté avec amertume.

Malgré ce climat tendu, Mme Yah Sunday a également annoncé une nouvelle encourageante : le recrutement de 200 jeunes commerciaux pour le nouveau service de transfert d'argent que Camtel s'apprête à lancer, signe que l'entreprise continue de se développer et d'innover malgré ses difficultés internes.

Ce 1er mai 2025 aura ainsi été le théâtre d'une célébration en demi-teinte pour Camtel. D'un côté, une reconnaissance nationale pour sa contribution au développement des télécommunications au Cameroun; de l'autre, le dévoilement de fissures internes qui menacent la cohésion et l'efficacité de l'entreprise.

Alors que le thème de cette 139ᵉ édition appelait à un « dialogue social et travail décent pour un Cameroun serein », il apparaît que le chemin vers la sérénité reste semé d'embûches pour l'opérateur historique des télécommunications, confronté au défi de concilier performance économique et justice sociale, tout en luttant contre des actes de sabotage qui minent ses efforts de développement.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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