Mamadou Koné lundi à Abidjan

L’on pourrait dire que le président du Conseil Constitutionnel attendait la cérémonie d’investiture du président de la République, Alassane Ouattara, pour assener ses vérités aux ivoiriens.

Mamadou Koné n’est pas allé du dos de la cuillère pour fustiger les « anti-troisième mandat. » Si le Magistrat a fait d’importantes précisions sur le rôle de l’institution qu’il dirige, notamment ses décisions qui ne sont susceptibles d’aucun recours, il a également lancé des piques aux « analphabètes » qui prennent part au débat sur la constitution.

« Nous voici au terme d’un processus électoral qui a fait couler beaucoup d’encre, de salive, de larmes et même, hélas ! Beaucoup de sang. Il en a été ainsi parce que, un débat fondamentalement juridique et d’une technicité suffisamment pointue pour diviser, même les spécialistes de cette matière, a quitté son domaine naturel, le droit, notamment le droit constitutionnel, pour investir un autre champ et devenir, de ce fait, un débat politique. Chacun y est donc allé de son interprétation, depuis les Professeurs titulaires de la chaire de droit constitutionnel, jusqu’à ceux qui ne possèdent, comme seul diplôme, que leur acte de naissance », c’est la partie du discours de Mamadou Koné, qui fait polémique.

Pour certains il n’a fait que dire la vérité quand d’autres parlent de sortie de route de sa part. Des ivoiriens considèrent que, la guerre des interprétations de la constitution a étouffé le juge constitutionnel. C’est son droit. Mais pas celui de manquer de respect au peuple de Côte d’Ivoire.

« Le peuple est justement un tout: ceux qui sont bardés de diplômes et ceux qui, pour une raison ou une autre, traînent au sous-sol de la République et qui n’ont pour « tout diplômes que leurs extraits de naissance. ». Ils n’en sont pas moins hommes et la constitution que M. Koné Mamadou est chargé de contrôler et d’appliquer leur donne le droit de vivre, de penser. Ils ont droit à une opinion. Elle peut ne pas plaire, elle peut être en déphasage avec la réalité mais ils ont le droit de l’exprimer. Il n’y a pas un peuple de diplômés qui a tous les droits et un peuple détenteur des « extraits de naissance » qui doit subir. C’est même une injure à la Côte d’Ivoire profonde », analyse un observateur de la vie politique ivoirienne.

Le discours de Mamadou Koné à la cérémonie d’investiture du président de la République, Alassane Ouattara, fait donc polémique. Mais a-t-il vraiment dérapé ? 

Donatien Kautcha, Abidjan