Le Minrex et l'ambassadeur de Guinée Équatoriale (Ph)

Selon la cellule de communication du ministère des Relations extérieures (Minrex), le gouvernement camerounais a convoqué l'ambassadeur équato-guinéen suite au refoulement brutal de plus de 250 ressortissants.

Toujours selon la même source, le ministre camerounais des Relations extérieures, Lejeune Mbella Mbella, a fermement exprimé l'indignation de Yaoundé face à l'expulsion sans préavis de centaines de Camerounais du territoire équato-guinéen. Cette convocation, survenue ce vendredi 25 avril 2025, marque une escalade dans les relations entre les deux pays voisins d'Afrique centrale.

« Une violation flagrante des conventions régionales », a martelé le chef de la diplomatie camerounaise face à l'ambassadeur Armando Kote Echuaca, pointant du doigt le non-respect des accords de la CEMAC et de la CEEAC garantissant la libre circulation et le droit de résidence aux ressortissants des pays membres. Ce qui choque particulièrement les autorités camerounaises, c'est l'absence totale de notification préalable, tant à l'ambassade du Cameroun à Malabo qu'au consulat général à Bata, bafouant ainsi les usages diplomatiques les plus élémentaires.

L'incident, qui s'est produit le 21 avril dernier au poste-frontière de Kye-Ossi dans la région du Sud, aurait pour origine un différend entre commerçants des deux nationalités. Cette étincelle a suffi aux autorités équato-guinéennes pour déclencher une opération d'expulsion massive touchant plus de 250 Camerounais, jetés à la frontière dans des conditions que Yaoundé juge indignes.

Ce n'est pas la première fois que de telles expulsions secouent les relations bilatérales. Déjà en 2024, plusieurs vagues similaires avaient soulevé l'indignation au Cameroun, d'autant que ces opérations s'effectuent souvent dans l'arbitraire le plus total, sans considération pour le statut légal des personnes concernées ni respect des droits humains fondamentaux.

Face à cette situation explosive, Mbella Mbella a proposé une solution pragmatique : la tenue urgente de consultations bilatérales sur les questions consulaires. Cette initiative viserait à « résoudre de manière définitive, et dans le respect de la souveraineté des deux pays, cet incident qui ternit l'image de la sous-région », selon le compte-rendu officiel de l'entretien.

Le diplomate équato-guinéen, visiblement embarrassé, a présenté les « regrets » de son gouvernement face à cette « situation malencontreuse » et s'est engagé à transmettre fidèlement la position camerounaise à ses autorités. Il a également approuvé la proposition de concertation urgente, signe d'une volonté d'apaisement.

Avant de conclure l'audience, le ministre camerounais n'a pas manqué de rappeler au représentant de Malabo « la pondération et l'hospitalité légendaire » du Cameroun, qui accueille de nombreuses communautés étrangères dans un climat de tolérance et de respect mutuel. Une pique à peine voilée face aux méthodes expéditives des voisins équato-guinéens.

Cette crise intervient paradoxalement dans un contexte où les chefs d'État des deux nations entretiennent des relations personnelles cordiales, contradiction que Yaoundé semble vouloir exploiter pour résoudre ce différend qui empoisonne depuis trop longtemps les relations entre ces « peuples frères », comme les a qualifiés le ministre camerounais des Relations extérieures.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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