

Côte d'Ivoire: Octobre 2025, un expert des droits de l'homme prévient : " Une démocratie où les droits existent sans pouvoir être exercés est une démocratie amputée "
La 9ème session délocalisée d’Abidjan de la formation en droit international des droits de l’Homme s’est ouverte ce mardi à l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, avec une conférence inaugurale magistrale du Professeur Sébastien Touzé, Directeur de la Fondation René Cassin.
Organisé en partenariat avec la Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté et le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH), cet événement a rassemblé parlementaires, experts et représentants de la société civile autour d’un thème essentiel : « Élections et Droits de l’Homme ».
Dans son allocution d’ouverture, la Présidente du CNDH, Namizata Sangaré, a salué la tenue de cette session d’orientation, rendue possible grâce à l’accompagnement du Président de l’Assemblée nationale, Adama Bictogo, et au soutien technique et financier des deux fondations partenaires. Elle a rappelé le rôle fondamental du Parlement dans la consolidation de l’État de droit et le respect des droits humains à travers l’élaboration des lois électorales, le vote des budgets et le contrôle des actions de l’exécutif.
Au cœur de cette session, l’intervention du Professeur Sébastien Touzé a marqué les esprits par la profondeur de son propos. Interrogeant la conception répandue de la démocratie, il a posé une question provocatrice : « L’élection suffit-elle à faire démocratie ? ».
S’appuyant sur une analyse rigoureuse du droit international et de la jurisprudence des cours régionales africaines et des organes onusiens, il a démontré que la tenue d’élections, aussi régulières soient-elles en apparence, ne suffit pas à garantir la démocratie si les libertés fondamentales ne sont pas respectées.
Des exemples concrets issus d’Afrique de l’Est, de l’Ouest et australe ont illustré les dangers d’un formalisme électoral déconnecté des réalités politiques : répression, exclusion arbitraire de candidats, contrôle des médias, inégalités structurelles.
Pour le Professeur Touzé, la démocratie électorale repose sur deux piliers : la conditionnalité démocratique — c’est-à-dire l’obligation pour les États de respecter des standards universels en matière électorale — et l’effectivité des droits politiques.
Il ne suffit pas de pouvoir voter, encore faut-il que le climat social et politique permette un débat ouvert, la libre expression des opinions, la possibilité de contester ou de manifester, et l’accès effectif à des voies de recours.
Il a insisté sur la nécessité d’un pluralisme politique réel, d’une participation inclusive des femmes, des jeunes, des personnes handicapées et des groupes marginalisés. Le rôle de la société civile et des médias a également été souligné comme pilier de la transparence électorale.
« Une démocratie où les droits existent sans pouvoir être exercés est une démocratie amputée », a martelé le professeur Touzé, appelant les institutions étatiques, en particulier les parlements, à veiller à la protection active des droits humains dans les périodes électorales.
Il a également exhorté les INDH, telles que le CNDH, à renforcer leur collaboration avec les législateurs dans la mise en œuvre des Principes de Belgrade, afin de promouvoir une culture de respect des droits de l’homme.
Alors que la Côte d’Ivoire se prépare à l’élection présidentielle d’octobre 2025, cette session tombe à point nommé. Le CNDH a déjà mis en place plusieurs mécanismes d’observation et d’alerte, tout en intensifiant ses efforts de sensibilisation auprès des partis politiques et des médias. En toile de fond, la volonté affirmée d’instaurer un climat électoral apaisé, respectueux des droits de tous.
Cette conférence inaugurale aura donc permis de rappeler que l’élection est moins une finalité qu’une épreuve de vérité pour la démocratie. Elle aura aussi souligné l’importance du cadre juridique international comme levier d’action pour garantir des élections libres, inclusives et transparentes.
Par cette rencontre entre parlementaires, experts et institutions des droits de l’Homme, la Côte d’Ivoire démontre son engagement à inscrire ses processus électoraux dans une dynamique démocratique exigeante et respectueuse des droits fondamentaux.
Wassimagnon

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