Les responsables du PPA-CI ce lundi devant la presse à Cocody (Ph Koaci)

Le 15 mai 2025, à Abidjan, la signature d’un accord de partenariat entre la compagnie aérienne française Corsair, l’Hôpital Américain de Paris, et plusieurs institutions de la République de Côte d’Ivoire a provoqué un vif émoi dans l’opinion publique et au sein de la classe politique.

Ce partenariat, conclu avec le Sénat, l’Assemblée nationale, le Conseil économique, social, environnemental et culturel (CESEC), l’Assemblée des régions et districts de Côte d’Ivoire (ARDCI) et l’Union des villes et communes de Côte d’Ivoire (UVICOCI), a pour objectif affiché de permettre aux officiels et à leurs familles de voyager à tarif préférentiel tout en accédant à des soins médicaux de qualité à Paris.

Apprenant cette information le lendemain de la signature, le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) a immédiatement engagé des consultations avec ses élus afin de comprendre les circonstances et les modalités de cet accord.

Selon les retours reçus, ni les députés membres du Groupe parlementaire PPA-CI ni les maires des communes dirigées par le parti n’auraient été associés à ces négociations. Un tel constat suscite un sentiment d’indignation, renforcé par le fait que ces conventions semblent avoir été conclues de manière exclusive, en marge de toute transparence, au bénéfice de certaines élites politiques.

Ce lundi 19 mai 2025, au cours d'une conférence de pressé animée au siège du PPA-CI à Cocody Bonoumin, le parti de Gbagbo à affirmé que cette démarche soulève des enjeux graves, notamment au plan économique.

L’accord, selon le Secrétaire général du PPA-CI, Jean Gervais Tcheidé, favorise une compagnie aérienne étrangère, alors que la compagnie nationale, Air Côte d’Ivoire, s’apprête à lancer une ligne directe Abidjan-Paris dans les prochaines semaines.

Depuis 2012, l’État a investi plus de 250 milliards de francs CFA pour faire émerger un transporteur aérien capable de défendre les intérêts économiques et stratégiques du pays, font savoir les responsables du parti du natif de Mama.

Ce partenariat avec Corsair, dans ce contexte précis, est perçu par le PPA-CI comme une mise à l’écart inacceptable de notre compagnie nationale au profit d’acteurs extérieurs, ce qui affaiblit l’ambition de souveraineté économique.

Le choix de l’Hôpital Américain de Paris comme partenaire privilégié sur le plan sanitaire est également au cœur des critiques. Ce recours systématique à des structures médicales étrangères traduit, selon le PPA-CI, un désaveu implicite des infrastructures hospitalières ivoiriennes.

Pour le Secrétaire général du PPA-CI, malgré les nombreux discours du pouvoir en place vantant les avancées dans le domaine de la santé, les réalités sur le terrain demeurent préoccupantes : plateau technique insuffisant, manque de spécialités, conditions de travail peu motivantes pour le personnel soignant, et une Couverture maladie universelle (CMU) inefficace que ceux-là mêmes qui l’ont instaurée préfèrent contourner en allant se faire soigner à l’étranger, aux frais du contribuable.

Le PPA-CI, fait savoir pour terminer que cet accord n’est qu’un exemple supplémentaire de la rupture entre une certaine élite politique et les préoccupations réelles du peuple. Le parti invite donc les institutions signataires à reconsidérer leur position et à mettre en avant l’intérêt général et la souveraineté nationale.

Jean Chresus, Abidjan