Côte d'Ivoire : Caravane de l'ADU, le MCLU dépose ses valises à Bouaké, l'État se montre rassurant lors d'un panel d'échanges avec les populations
Panel sur l'ADU à Bouaké (Ph Koaci)
Bouaké a accueilli, le vendredi 27 juin 2025, une étape importante de la caravane nationale dédiée à l’Attestation de Droit d’Usage Coutumier (ADU), un document clé dans la politique de sécurisation foncière menée par le gouvernement.
Organisée par le ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme (MCLU), cette caravane a été couplée à des journées d’information et de réclamations, ponctuées par un panel de haut niveau autour du thème : « Un foncier urbain plus sécurisé et un développement urbain durable, gages de stabilité sociale. »
L’événement, tenu dans la grande salle de l’hôtel de ville de Bouaké, a réuni autorités administratives, chefferies traditionnelles, élus locaux et populations venues s’informer, comprendre et exprimer leurs préoccupations. À travers cette initiative, l’État entend renforcer la confiance entre l’administration foncière et les usagers, tout en vulgarisant les réformes en cours pour une gestion plus transparente du foncier urbain.
L’ADU, rappelons-le, est une attestation délivrée par les autorités locales, reconnaissant officiellement les droits fonciers coutumiers d’un individu sur une parcelle. Elle constitue une première reconnaissance administrative d’un droit d’usage souvent hérité de traditions communautaires, désormais intégré dans le processus administratif moderne. Ce document représente une étape indispensable vers l’obtention de l’Acte de Concession Définitive (ACD), qui confère la pleine propriété. Dans le nouveau dispositif, l’ACD peut être délivré dans un délai de trois mois lorsque l’ADU est disponible.
Le panel a réuni huit hauts cadres du ministère, dont : M. Goris Martial, conseiller technique chargé des affaires juridiques ; M. Mollé Bian, directeur des études, des matériaux et de l’architecture ; M. Sidibé Lanciné, directeur du permis de construire et du contrôle urbain ; M. Diallo Abdoulaye, directeur du domaine urbain ; M. Yomafou Hubert, directeur de l’urbanisme et du développement urbain ; Mme Diara née Bayogo Nakamba, sous-directrice de la copropriété et du cadre de vie ; M. Loukou Kouamé Jacob, directeur de la topographie et de la cartographie ; M. Diby Kokora, directeur du logement et des programmes immobiliers.
Chaque intervenant a exposé les grandes lignes des réformes en cours dans son domaine de compétence, tout en répondant aux interrogations parfois pressantes de l’assistance. Les sujets abordés ont porté sur les permis de construire, le schéma directeur d’urbanisme, les procédures d’ACD, la copropriété, l’urbanisation des zones rurales, la cartographie foncière et les politiques de logement social. Ces thématiques, souvent complexes, ont été présentées dans un langage accessible pour favoriser la compréhension et l’appropriation par les populations.
Les échanges ont été francs, parfois intenses, mais toujours empreints de respect mutuel. Des préoccupations récurrentes ont été soulevées : lenteurs administratives, multiplicité des acteurs dans la chaîne foncière, litiges coutumiers, manque d’informations sur les programmes en cours. Les réponses apportées par les responsables techniques ont permis d’éclaircir plusieurs zones d’ombre et de rassurer l’auditoire quant à la volonté réelle de l’État d’assainir et de moderniser le secteur.
Un fait marquant du panel a été la révélation selon laquelle seuls 20 % des Ivoiriens ont la capacité financière d’acquérir un terrain sans aide de l’État. Cette réalité sociale justifie pleinement la mise en œuvre d’une politique de logements sociaux structurée, visant à offrir des habitations décentes aux 80 % restants.
À ce jour, selon les chiffres avancés, 40 000 logements sociaux ont été réalisés en dix ans, soit l’équivalent de la moitié de tout ce qui a été construit au cours des deux décennies précédentes.
La ville de Bouaké se distingue comme l’un des pôles majeurs de cette politique, selon les responsables du ministère. Elle enregistre 300 logements déjà livrés et 1 520 autres en cours de réservation dans le cadre du programme gouvernemental. Ces réalisations seront renforcées par une nouvelle approche dans laquelle l’État prend directement en charge la location et la vente des logements sociaux, via une plateforme numérique destinée à rendre les critères d’attribution transparents et accessibles à tous.
Deux formules sont mises en avant : la location simple et la location-vente, pensées pour les populations à revenus modestes ou irréguliers. L’ambition est d’assurer un logement digne au plus grand nombre, tout en garantissant la viabilité financière des projets.
Au-delà de l’aspect administratif, ce panel a permis d’instaurer un cadre de dialogue permanent entre l’État et les citoyens. Il illustre une gouvernance foncière plus participative, dans laquelle les décisions sont expliquées, partagées, et les préoccupations traitées en temps réel.
Le ministère espère ainsi réduire les conflits liés au foncier, renforcer la sécurité juridique des propriétaires et bâtir un environnement propice à un urbanisme harmonieux, inclusif et durable.
En somme, cette étape de Bouaké aura permis de poser les bases d’un nouveau contrat de confiance entre l’État et les populations autour du foncier, un contrat fondé sur l’écoute, la transparence et la volonté partagée de construire des villes plus justes et mieux planifiées.
Jean Chresus, Abidjan
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
