Les agents mécontents (Ph Koaci)

Une nouvelle voix s’élève dans le paysage syndical ivoirien. Celle des agents des ministères dits « sans prime », ces fonctionnaires de l’État qui, malgré leur engagement quotidien au service public, ne bénéficient d’aucune gratification financière spécifique contrairement à leurs collègues d’autres ministères.

Lassés du silence institutionnel face à cette disparité, treize syndicats issus de ministères non bénéficiaires se sont unis au sein d’une structure commune, la Coalition des syndicats des ministères sans prime (Cosymis-Prime), dont la réunion fondatrice s’est tenue le samedi 28 juin 2025 à Grand-Bassam.

À l’issue de cette rencontre, Ange Martial Nahonain, Secrétaire général du Syndicat national des agents de la culture (Syna-Culture), a été choisi pour assurer le rôle de porte-parole national de cette coalition. Dans son discours inaugural, il n’a pas mâché ses mots, dénonçant une inégalité criante qui gangrène la Fonction publique depuis trop longtemps. Pour lui, il est inconcevable qu’un même État puisse récompenser certains de ses agents et en oublier d’autres, pourtant soumis aux mêmes exigences de service. « Nous venons rappeler une injustice faite à une partie des fonctionnaires. Aujourd’hui, treize ministères ont décidé de parler d’une seule voix pour exiger la fin de cette inégalité. Il est temps que le gouvernement entende ceux qu’il a jusque-là ignorés », a-t-il déclaré devant ses camarades syndicaux.

Déterminée à faire bouger les lignes, la Cosymis-Prime a défini une stratégie claire, structurée autour de quatre axes prioritaires. En premier lieu, elle prévoit d’adresser des courriers officiels aux autorités compétentes, afin de demander des éclaircissements sur les textes régissant l’attribution des primes dans la Fonction publique. En parallèle, la coalition s’engagera dans une vaste campagne de mobilisation à travers des tournées de sensibilisation dans toutes les régions du pays. L’objectif est de toucher la base syndicale, de renforcer la cohésion et de préparer les agents à une éventuelle montée en puissance du mouvement.

La tenue régulière d’assemblées générales figure également au cœur de la stratégie. Ces rencontres permettront de maintenir un dialogue permanent avec les adhérents et de faire le point sur l’évolution des discussions avec le gouvernement. Enfin, si les démarches pacifiques et les alertes répétées restent sans réponse, la coalition envisage de recourir à la grève comme ultime levier de pression.

Ange Martial Nahonain, désormais figure centrale de ce combat, a exprimé sa reconnaissance envers ses collègues pour la confiance placée en lui. Il a assuré qu’il mettra toute son énergie à faire entendre la voix des agents marginalisés et à porter haut la revendication d’équité salariale au sein de la Fonction publique.

Avec cette nouvelle dynamique unitaire, les agents des ministères sans prime entendent bien sortir de l’ombre et s’inviter dans le débat sur la réforme de la rémunération des agents de l’État, longtemps monopolisé par d’autres.

Jean Chresus, Abidjan