Cameroun : Le pourvoir en ébullition, le RDPC au bord de l'implosion à trois mois de la présidentielle?
À trois mois de l'élection présidentielle d'octobre, le parti au pouvoir au Cameroun traverse une crise interne sans précédent. Les contradictions publiques entre hauts responsables et les manœuvres d'influence exposent au grand jour les tensions qui minent le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).
Déclarations contradictoires et candidature dissidente
L'illustration la plus frappante de cette désorganisation s'est manifestée par une cacophonie médiatique inédite. En l'espace de quelques heures, deux figures de proue du parti ont tenu des propos diamétralement opposés concernant la candidature présidentielle. D'un côté, René Emmanuel Sadi, ministre de la Communication et ancien secrétaire général du Comité central, s'est montré évasif en évoquant une probabilité de « 50/50 » concernant une éventuelle candidature. De l'autre, Jacques Fame Ndongo, responsable de la communication du parti, a affiché une certitude absolue, déclarant que la candidature ne faisait « aucun doute ».
Cette dissonance communicationnelle a semé la confusion parmi les militants et surpris les observateurs politiques, révélant l'absence apparente de coordination au sein de l'appareil dirigeant.
Parallèlement à ces troubles internes, le parti fait face à des défis externes inattendus. Léon Theiller Onana, conseiller municipal, a franchi le pas en contestant ouvertement l'autorité de Paul Biya sur le parti et en se positionnant comme candidat alternatif.
L'approche de la date limite pour la convocation du corps électoral a déclenché une série de manœuvres politiques révélatrices des rapports de force internes. Plusieurs scénarios se dessinent. Tandis que Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, multiplie les convocations de cadres et ministres, Jean Nkuété, secrétaire général du RDPC, organise ses propres rassemblements.
Dion Ngute, Premier ministre, semble adopter une stratégie d'éloignement en regroupant ses soutiens à Bamenda, loin de l'agitation de la capitale.
Plusieurs personnalités influentes manifestent leur réticence face aux pressions. Ketcha Courtes aurait questionné la légitimité des convocations, tandis que Laurent Esso aurait marqué sa distance avec les initiatives de Ngoh Ngoh.
Absence de direction
Grégoire Owona SGA du parti au pouvoir, évoque la possibilité d'un référendum pour trancher la question présidentielle, suggérant que même au sein du parti, l'issue reste incertaine. René Sadi persiste dans l'ambiguïté avec ses déclarations nuancées, tandis que Fame Ndongo maintient une position maximaliste malgré l'évidente incohérence de ses affirmations.
Cette désorganisation intervient à un moment critique où le parti devrait présenter un front uni face à l'échéance électorale. L'âge avancé du président en exercice continue d’alimenter les spéculations sur sa capacité à briguer un nouveau mandat.
Pour le RDPC, l'enjeu consiste désormais à retrouver une cohérence interne avant l'échéance électorale. L'alternative pourrait être une division du parti qui bénéficierait mécaniquement à l'opposition.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
