Bacongo et Simone Ehivet (Gbagbo) mercredi à Abidjan

C’est une première. Ce mercredi 16 juillet 2025, dans l’enceinte du siège du MGC à Cocody, pouvoir et opposition ont franchi un cap historique en entamant un dialogue direct, sans intermédiaire, ni faux-semblants. Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), parti au pouvoir, et CAP Côte d’Ivoire, coalition d’opposition dirigée par Simone Ehivet Gbagbo, ont tenu une première séance d’échange. Un round d’une heure, montre en main.

À l’issue de cette rencontre, Cissé Bacongo, secrétaire exécutif du RHDP, entouré des ministres Anne Ouloto, Mariatou Koné, Belmonde Dogo, Touré Mamadou, ainsi que Claude Sahi, chef de cabinet du président Ouattara, a salué une initiative « inattendue, mais prometteuse ».

« Cette rencontre est la première d'une série. Elle n'était pas attendue, elle était inespérée, mais Dieu a fait en sorte qu'elle ait lieu. Nous lui disons merci », a-t-il déclaré avec gravité.

Pas de triomphalisme pour autant. Le ton est resté mesuré. « Nous avons parlé des questions qui préoccupent nos frères et sœurs de CAP Côte d’Ivoire, mais qui concernent aussi tous les Ivoiriens », a-t-il précisé. Un comité technique sera mis en place pour entrer dans les détails, établir un calendrier de travail et poser les bases d’une suite concrète.

Le RHDP, par la voix de Bacongo, affirme s’être présenté sans détour. « Huit préoccupations ont été exprimées. Elles nous avaient déjà été adressées par correspondance. Par courtoisie envers CAP Côte d’Ivoire, je leur laisse le soin de les exposer. Pour notre part, nous avons insisté sur l’État de droit et le respect des engagements pris. »

Du côté de CAP Côte d’Ivoire, la présidente Simone Gbagbo, entourée de Danielle Boni Claverie et Charles Blé Goudé, a opté pour la retenue. Si le contact a été jugé positif, elle n’a pas caché que beaucoup restait à faire.

« C’était un premier contact. Nous avons exposé à la délégation du RHDP les questions que nous portons depuis longtemps, notamment la réforme du système électoral. Nous en avons parlé, mais sans entrer en profondeur. Nous avons convenu de poursuivre les échanges. »

Le décor est planté. Le dialogue est amorcé, mais les véritables négociations restent à venir.

Il aura fallu près de dix mois de pression et de patience pour en arriver là. Depuis septembre 2024, les partis membres de CAP Côte d’Ivoire réclamaient l’ouverture d’un dialogue direct avec le pouvoir. À Bonoua, le 21 septembre, cette volonté avait été officiellement exprimée, suivie d’une lettre adressée au président Ouattara le 26 du même mois.

Les revendications sont bien connues, le découpage électoral, la révision de la liste électorale, la réforme de la Commission Électorale Indépendante (CEI), le Code électoral, le financement des élections, la réforme constitutionnelle, l'accès équitable aux médias d’État et la sécurisation du processus électoral.

C’est sur ces huit points que les discussions devront maintenant se concentrer. La mise en place du comité technique constituera un test crucial de la volonté réelle des deux camps de bâtir un dialogue sincère.

Selon les participants, l’atmosphère a été cordiale. La délégation du RHDP s’est dite « rassurée et satisfaite », notamment de l’accueil et de la qualité des échanges.

Mais la confiance, elle, reste à bâtir. L’histoire récente du pays a laissé des cicatrices profondes, et les tentatives de dialogue passées ont souvent échoué faute de suivi ou de volonté politique.

Simone Gbagbo et ses alliés restent donc sur leurs gardes. L’opposition sait que le combat politique se gagne dans la durée, par la répétition des échanges, la sincérité des positions et le respect mutuel.

Le défi est immense. Mais la photo de Simone Gbagbo et Cissé Bacongo se saluant devant la presse, ce mercredi, symbolise peut-être le début d’une nouvelle ère pour la politique ivoirienne. Reste à savoir si ces gestes symboliques donneront naissance à des avancées concrètes.

Enfin, avec l'alliance PDCI-PPA-CI de circonstance conclue, reste à être situé sur l'avenir et le fragile équilibre de la CAP-CI qui pourrait bien isoler Simone Gbagbo.

Wassimagnon