Gbagbo à Yopougon ce samedi (Ph Koaci)

À Yopougon, fief de l’opposition ivoirienne, l’ancien président Laurent Gbagbo a fait une démonstration de force politique. Devant une foule dense et visiblement acquise à sa cause, le leader du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) a lancé une charge virulente contre toute tentative de prolongation du mandat présidentiel au-delà de la limite constitutionnelle.

Sans jamais nommer directement le président en exercice, Gbagbo a exprimé avec fermeté son refus catégorique d’un quatrième mandat, affirmant que la Constitution ivoirienne ne permet pas un tel scénario. « Je refuse, il n’y aura pas de 4ᵉ mandat ! », a-t-il martelé, sous les applaudissements nourris d’une place Ficgayo en effervescence. La phrase résonne comme un mot d’ordre, à l’heure où le climat politique se tend à l’approche d’élections dont sont écartés plusieurs figures de l’opposition.

Pour un Laurent Gbagbo fatigué par le poids de l'age, l’enjeu dépasse la seule question du pouvoir : il s’agit, selon lui, de défendre l’ordre constitutionnel contre ce qu’il qualifie de dérive autoritaire. L'ancien chef d’État voit dans la perspective d’un nouveau mandat présidentiel une violation des règles établies, un coup de force institutionnel maquillé en continuité démocratique.

En choisissant de tenir ce grand rassemblement à Yopougon, quartier populaire chargé d’histoire politique, le PPA-CI et ses alliés du PDCI ont voulu marquer leur territoire, même si toujours restreint à cette commune, et rappeler qu’ils restent des acteurs incontournables du paysage politique.

L’événement, au-delà de sa portée symbolique, cristallise un front commun décidé à s’opposer à toute tentative de remise en cause des fondements républicains. Dans une atmosphère tendue, où les exclusions politiques se multiplient, Gbagbo envoie un signal : le combat pour l’alternance est lancé mais reste à savoir avec quels moyens et quelle stratégie pour l'emporter face à l'ogre RHDP au pouvoir qui, lui parle de deuxième mandat de la troisème République (entrée en vigueur depuis novembre 2016, ndlr), et son numéro un, candidat inébranlable, tranquillement parti à l'exterieur.

Jean Chresus, Abidjan