Les responsables du Mouvement Trop c'est Trop (Ph Koaci)

À deux mois des élections, la contestation sociale et politique tente de s’organiser autour d’une nouvelle dynamique. Samedi 30 août 2025, au siège du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), le « Mouvement Trop c’est Trop » a franchi une étape décisive avec la présentation officielle de son Comité opérationnel. À sa tête, un homme proche de Laurent Gbagbo, Damana Adia Pickass, choisi pour conduire ce bras de mobilisation qui ambitionne de transformer les frustrations populaires en une véritable force d’action.

Lancé en mai dernier au cabinet de l’ancien président ivoirien, ce mouvement citoyen s’affiche comme une plateforme de convergence. Il fédère des partis politiques, notamment le PPA-CI et le PDCI-RDA, ainsi que des organisations de la société civile, tous unis par la volonté de contraindre le pouvoir en place à prendre en compte leurs revendications sociales et politiques. Pour ses initiateurs, le temps presse et il s’agit désormais de passer des discours aux actes concrets.

Face à une foule de militants rassemblés pour l’occasion, Damana Pickass a fixé le cap de cette nouvelle étape : occuper le terrain à Abidjan et à l’intérieur du pays, donner corps aux structures du mouvement et imposer sa présence dans le débat national. « Nous voulons montrer à l’opinion nationale et internationale que ce mouvement est désormais opérationnel. Nous nous organisons pour occuper tout le terrain. Nous avons désormais toutes nos structures », a-t-il déclaré, sans pour autant dévoiler la composition exacte de son équipe rapprochée.

La stratégie s’annonce offensive, mais Damana Pickass a surtout insisté sur la nécessité d’un état d’esprit nouveau parmi les militants. Dans son discours, il a exhorté à « vaincre la peur » et à renouer avec l’intégrité et l’engagement, conditions indispensables selon lui pour mener à bien ce combat pour la souveraineté et la démocratie. Une manière de rappeler que la bataille ne sera pas seulement logistique et politique, mais aussi morale.

En donnant une dimension opérationnelle à « Trop c’est Trop », l’opposition entend donc amplifier la pression sur le régime en place, dans un contexte électoral particulièrement tendu.

Avec un Gbagbo inéligible, voire esseulé sur la scène politique, reste désormais à savoir si cette dynamique, incarnée par Damana Pickass, saura mobiliser au-delà des cercles militants déjà acquis à la cause et trouver un véritable écho dans l’opinion publique nationale.

Jean Chresus, Abidjan