Narcisse Mouelle Kombi, ministre des Sports (Ph)

La déroute des Lions indomptables face aux Requins bleus du Cap-Vert (0-1) ce mardi 9 septembre 2025 à Praia n'est pas qu'un simple revers sportif. Cette huitième journée des qualifications mondiales 2026 révèle une crise profonde qui perdure depuis plus de 18 mois et dont le principal responsable siège au ministère des Sports.

Avec cette défaite amère, les chances de qualification directe du Cameroun s'amenuisent dangereusement. L'unique but capverdien inscrit à la 54e minute creuse l'écart au classement : le Cap-Vert trône désormais en tête avec 19 points, laissant les Lions à la traîne avec 15 unités. Un écart de quatre points qui sonne comme un glas.

Cette contre-performance contraste violemment avec la démonstration de force des Camerounais lors du match aller. Le 8 juin 2024 à Yaoundé, l'équipe nationale avait écrasé ces mêmes Capverdiens 4-1. Que s'est-il donc passé entre temps ?

Pendant que les Lions chutent, leurs concurrents directs prospèrent. La Libye a enchaîné deux victoires consécutives : d'abord en Angola (1-0), puis contre l'Eswatini (2-0) le 8 septembre. Avec 14 points au compteur, les Chevaliers de la Méditerranée ne sont plus qu'à une longueur des Camerounais.

La situation devient critique : à deux journées de la clôture, le Cameroun doit impérativement battre l'Île Maurice en octobre, puis l'Angola, tout en espérant une défaillance capverdienne face à la Libye ou l'Eswatini. Un scénario complexe pour une équipe qui semble perdre ses repères.

Les perspectives s'assombrissent pour la Coupe du monde 2026, prévue du 11 juin au 19 juillet aux États-Unis, au Canada et au Mexique. Cette édition réunira 48 équipes pour la première fois, offrant neuf places directes à l'Afrique, plus une dixième via les barrages réservés aux quatre meilleurs deuxièmes.

Le prochain match du Cap-Vert contre l'Eswatini le 13 octobre pourrait sceller définitivement le sort camerounais. Une victoire capverdienne face à la lanterne rouge du groupe (2 points) garantirait leur qualification et refermerait la porte de la qualification directe aux Lions.

Narcisse Mouelle Kombi, le ministre qui paralyse le football national

Selon la presse nationale, cette débâcle ne relève pas du hasard. Elle illustre parfaitement les dysfonctionnements d'un système sportif national sabordé par les luttes intestines et les ingérences politiques. Au cœur de cette crise : Narcisse Mouelle Kombi, ministre des Sports dont la gestion suscite de plus en plus d'interrogations. Les experts sont unanimes, depuis sa prise de fonction, le sport camerounais enchaîne les polémiques. Les fédérations se déchirent au lieu de collaborer, les conflits d'ego remplacent la recherche de performance, et l'équipe nationale pâtit de cette atmosphère délétère.

Querelles

Le mal camerounais ne provient pas d'un manque de talents. Les joueurs possèdent les qualités techniques nécessaires. Le problème réside dans une gouvernance défaillante où les calculs politiques priment sur l'intérêt sportif.

Tant que les destinées de l'équipe nationale demeureront otages des luttes de pouvoir entre le ministère et la Fédération Camerounaise de Football (Fecafoot), les désillusions continueront de supplanter les ambitions légitimes.

Marc Brys face aux contradictions

L'entraîneur Marc Brys navigue dans ce contexte difficile, devant composer avec des choix parfois discutables. Sa persistance à convoquer Vincent Aboubakar, actuellement sans club, interroge. Cette décision semble davantage motivée par la volonté de permettre au capitaine de battre le record de buts de Samuel Eto'o (118 sélections et 56 buts) plutôt que par des considérations purement sportives.

Si le Cameroun ne termine pas premier de son groupe, il devra emprunter un chemin semé d'obstacles pour espérer participer au Mondial américain. Six victoires consécutives seraient nécessaires : deux en phase de groupes, deux au deuxième tour continental, et deux lors du tournoi de barrages. Un défi titanesque, d'autant que cinq de ces rencontres se disputeraient à l'extérieur.

Mais pour retrouver sa superbe, il faudra d'abord libérer le sport des querelles politiques qui l'étouffent.

Mouelle Kombi a encore la possibilité de redresser la barre. Mais cela exige un changement radical d'approche : privilégier la performance aux calculs politiques, l'unité aux divisions, et l'intérêt national aux ambitions personnelles. Sans cela, le ministre des Sports restera dans l'histoire comme celui qui a accompagné le déclin d'une fierté nationale.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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