Ayang Luc, 78 ans, président du conseil économique et social (Ph)

Le ministre de la Santé publique, Dr Manaouda Malachie, a adressé une correspondance au Directeur du Cabinet Civil de la Présidence de la République pour informer le Chef de l'État de l'hospitalisation d'urgence de M. Ayang Luc, président du Conseil économique et social (CES).

Selon le document officiel daté du 3 octobre 2025, Ayang Luc a été transporté en urgence au Centre Hospitalier Régional (CHR) de Maroua suite à une chute survenue à son domicile. Les examens médicaux ont révélé une récidive d'accident vasculaire cérébral (AVC), compliquée d'une altération sévère de l'état de conscience (coma).

Bien que la prise en charge en réanimation et les soins intensifs aient permis une amélioration significative de son état, la situation demeure « stable mais précaire », selon les termes du ministre.

Evacuation sanitaire recommandée

Le point le plus révélateur du document concerne la recommandation des équipes médicales. Malgré les infrastructures du CHR de Maroua, les médecins suggèrent « fortement d'envisager une évacuation sanitaire à l'étranger en avion médicalisé directement à partir de Maroua, en raison du risque permanent de complications liées aux antécédents médicaux du patient. »

Cette recommandation interroge sur le système de santé camerounais. Si les Centres Hospitaliers Régionaux, ces infrastructures modernes présentées comme des fleurons du système de santé camerounais, ne peuvent garantir une prise en charge adéquate pour les cas critiques, qu'en est-il des citoyens ordinaires ?

La note du ministre de la Santé, bien qu'empreinte de protocole administratif, constitue un aveu troublant. En exposant les limites de la prise en charge locale et la nécessité d'une évacuation sanitaire pour un patient de haut rang, elle montre une réalité que vivent quotidiennement des milliers de Camerounais : l'inadéquation entre les infrastructures sanitaires et les besoins réels de la population.

Alors qu’Ayang Luc peut bénéficier d'une évacuation sanitaire internationale avec l'attention directe du Chef de l'État, combien de Camerounais victimes d'AVC ou d'autres urgences médicales graves décèdent faute de moyens ou d'accès à des soins de qualité ?

Le cas montre parfaitement le système de santé à deux vitesses qui prévaut au Cameroun : d'un côté, les hauts dignitaires et personnes influentes qui peuvent être évacués à l'étranger aux frais de l'État ; de l'autre, la masse des citoyens ordinaires contraints de se contenter d'urgences sous-équipées et de services de santé défaillants.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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