Côte d'Ivoire : Présidentielle 2025, le CNDH salue un scrutin globalement apaisé mais pointe des manquements dans le respect des droits électoraux
Dans sa déclaration préliminaire publiée le 27 octobre 2025, le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) dresse un bilan contrasté de l’élection présidentielle, marquée par un climat globalement serein mais entachée de quelques incidents isolés et de restrictions à la liberté d’observation.
Le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) a rendu publique, ce 27 octobre 2025 à Abidjan, sa déclaration préliminaire relative à sa mission d’observation de l’élection présidentielle du 25 octobre 2025.
Cette mission, déployée dans le cadre du mandat du CNDH en matière de promotion et de protection des droits de l’homme, visait à évaluer le respect des droits civils et politiques tout au long du processus électoral.
À travers son Observatoire pour le respect des droits de l’Homme dans les processus électoraux, lancé le 18 septembre dernier, le CNDH a couvert toutes les phases du scrutin, de la campagne électorale au dépouillement.
L’institution a mobilisé 2 350 observateurs répartis dans les 31 régions administratives et les deux districts autonomes du pays, dont 30 % de femmes, 75 % de jeunes et 2 % de personnes en situation de handicap.
Les observateurs ont été formés aux principes internationaux des droits de l’homme et à l’usage de la plateforme numérique « CNDH RCI Alerte Précoce », qui a permis de collecter et d’analyser les données du terrain en temps réel.
L’élection s’est tenue dans un contexte marqué par une forte tension politique.
Le Conseil constitutionnel avait invalidé 55 candidatures sur 60, ne retenant que celles d’Alassane Ouattara (RHDP), Simone Ehivet Gbagbo (MGC), Henriette Lagou (GP-Paix), Jean-Louis Billon (CODE) et Ahoua Don Mello (indépendant).
L’opposition regroupée au sein du CAP-CI et du Front commun (PPA-CI et PDCI) avait appelé au boycott du scrutin et organisé des manifestations entre le 11 et le 14 octobre. Ces protestations, émaillées d’incidents à Abidjan, Daloa, Gagnoa, Bonoua, Dabou et Yamoussoukro, ont causé six décès, plusieurs arrestations et des dégâts matériels.
Face à ces tensions, le Gouvernement a pris, le 17 octobre 2025, un arrêté interdisant les manifestations politiques pour une durée de deux mois, tout en autorisant celles entrant dans le cadre du processus électoral.
Les observateurs du CNDH ont visité 9 400 lieux de vote sur 11 835 (soit 79,43 %) et 18 800 bureaux de vote sur 25 370 (79,16 %).
Ils ont constaté que 64,98 % des bureaux ont ouvert à l’heure légale, tandis que 35 % ont connu des retards dus à la livraison tardive du matériel, à des délocalisations de bureaux ou à des contraintes sécuritaires.
La présence des forces de l’ordre a été relevée dans 86 % des lieux de vote, globalement discrète et professionnelle, selon le rapport.
Le matériel électoral était disponible dans la majorité des bureaux, même si certains sites ont subi des destructions à Bouaflé, Divo et Nahio.
Des pannes de tablettes biométriques et un manque de maîtrise du mode opératoire par certains agents électoraux ont également été signalés.
Le CNDH note que 2,1 % des bureaux de vote restaient inaccessibles aux personnes à mobilité réduite, notamment dans certains établissements d’Abidjan.
Malgré une bonne couverture, certains observateurs du CNDH et d’autres missions (CEDEAO, OIF, UA, WANEP, Interpeace, Indigo) ont été refoulés ou limités dans leur temps d’observation.
Des présidents de bureau ont notamment refusé leur accès à Bingerville et Cocody, en contradiction avec les standards internationaux.
Au total, 212 incidents ont été rapportés sur la plateforme du CNDH, dont des saccages de matériel électoral, intimidations, agressions physiques, obstructions de voies et restrictions d’accès aux observateurs.
Près de 80 % de ces incidents ont été traités en temps réel grâce au mécanisme d’alerte précoce.
Sur la base de ses observations, le CNDH estime que le scrutin s’est globalement déroulé dans un climat serein, malgré quelques violences localisées.
L’institution salue les efforts de sécurisation et la transparence du processus, tout en soulignant des défis persistants, atteintes au droit à la vie et à l’intégrité physique dans certaines zones, empêchements de vote dans quelques localités et restrictions à l’observation électorale.
Le CNDH appelle les candidats à privilégier les voies légales de recours et invite la population à préserver la paix et la cohésion sociale après la proclamation des résultats.
Le CNDH recommande au Gouvernement de poursuivre le dialogue politique inclusif, garantir le respect des droits de l’homme durant tout le cycle électoral, harmoniser la législation électorale avec la loi sur la représentativité des femmes, lutter contre les discours de haine et la désinformation et préserver une couverture médiatique équilibrée.
À la CEI de renforcer la formation des agents électoraux, améliorer l’éducation civique et l’accès des personnes vulnérables, veiller à la bonne application du mode opératoire.
Aux candidats de recourir exclusivement aux voies légales de contestation, promouvoir la paix et la cohésion nationale.
À la société civile de poursuivre l’éducation citoyenne et la veille démocratique.
Aux populations de garder le calme, éviter les discours haineux et se référer uniquement aux informations officielles.
En conclusion, le CNDH, par la voix de sa présidente Namizata Sangaré, s’est félicité de la bonne tenue du scrutin et de la collaboration des institutions impliquées, tout en réaffirmant sa détermination à accompagner le renforcement de la démocratie, de la paix et de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire.
Wassimagnon
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