Côte d'Ivoire : Une coalition féministe unie pour défendre les droits et lutter contre les féminicides
La Côte d’Ivoire compte désormais une nouvelle force collective pour la défense des droits des femmes et des personnes marginalisées. Le mardi 25 novembre 2025, à Cocody (Abidjan), la Coalition des Organisations et Militantes Féministes de Côte d’Ivoire (Comféministes CI) a été officiellement lancée, marquant une avancée importante dans le paysage militant ivoirien.
Cette initiative voit le jour dans un contexte marqué par une montée des discours anti-droits, la persistance des violences sexistes et sexuelles, la normalisation du silence autour des souffrances des femmes et des personnes LGBTQIA+, ainsi que des résistances persistantes liées à la reconnaissance pleine des droits sexuels et reproductifs. Pour les organisations engagées, il devenait indispensable de répondre collectivement à ces enjeux.
Lors de la cérémonie de lancement, la responsable de la communication, Aude Ndepo, a présenté la mission et les ambitions de cette coalition. Elle a affirmé que la Comféministes CI existe pour défendre les droits, les libertés et la dignité de toutes les femmes et de toutes les personnes marginalisées. Selon elle, la coalition est avant tout une force collective, un lieu de solidarité, d’action et d’espoir, regroupant des organisations qui refusent le silence face aux injustices.
Les membres de la coalition rappellent que les défis restent immenses : violences basées sur le genre, discriminations persistantes, invisibilisation, précarité, violences numériques et féminicides. Malgré les progrès observés ces dernières années, elles estiment que les droits des femmes demeurent fragiles et souvent menacés, ce qui justifie leur mobilisation.
L’un des messages les plus forts délivrés lors du lancement est l’appel urgent à l’adoption d’une loi spécifique contre les féminicides en Côte d’Ivoire. « Nommer les féminicides, les reconnaître juridiquement, c’est déjà commencer à les combattre », ont rappelé les militantes. Les données qu’elles ont partagées sont particulièrement alarmantes : 42 cas de féminicides ont été recensés en 2025 grâce à la veille effectuée sur les plateformes digitales, tandis qu’une enquête révèle 416 cas en 2021 pour la seule ville d’Abidjan.
Aude Ndepo a également tiré la sonnette d’alarme au sujet de l’explosion des violences numériques. Elle a dénoncé le cyberharcèlement, le chantage, la diffusion non consentie d’images intimes, les insultes sexistes et les campagnes de haine en ligne, rappelant que ces violences ne sont jamais anodines. Selon elle, elles fragilisent, isolent et traumatisent les victimes et constituent souvent le point de départ d’un continuum pouvant mener jusqu’au féminicide. Elle a insisté sur la nécessité de renforcer rapidement le cadre légal pour mieux protéger les femmes sur les espaces numériques.
Pour sa part, Tenin Traoré, membre de la coalition, a mis en avant la particularité de la Comféministes CI, qui ne repose pas sur une structure de gouvernance classique. Elle a expliqué que cette coalition fonctionne sur un modèle horizontal où chaque voix compte. Elle a également rappelé que le combat mené est politique, social, culturel et humain, avec pour objectif de construire une société où les femmes n’ont plus peur et où leurs droits sont pleinement garantis. « Nous sommes prêtes à proposer, à défendre, à agir et à transformer », a-t-elle affirmé.
La coalition regroupe plusieurs organisations fondatrices, classées par ordre alphabétique pour symboliser l’égalité entre toutes : Ong Actuelles, Association Adeen Tahny IY, Le Centre Ahou, Collectif Sans Noms, CPDEFM (Citoyennes pour la Promotion et Défense des Droits des Enfants, Femmes et Minorités), Gouttes Rouges, Initiative Tilé, La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes, Opinion Éclairée et Stop au Chat Noir. À ces organisations s’ajoutent également des activistes indépendantes.
Le lancement de la Comféministes CI marque ainsi une étape importante dans la lutte contre les violences faites aux femmes en Côte d’Ivoire. Cette coalition entend peser dans le débat public et agir concrètement pour faire reconnaître, protéger et étendre les droits des femmes sur tout le territoire.
Jean Chresus, Abidjan
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