Cameroun : Affaire Martinez Zogo, le tribunal militaire rend sa décision sur les exceptions procédurales
Le tribunal militaire de Yaoundé doit se prononcer aujourd'hui sur les exceptions de procédure soulevées par la défense dans l'affaire de l'assassinat du journaliste Martinez Zogo. Cette décision cruciale du colonel Misse Njoné, président du tribunal, pourrait déterminer la suite du procès impliquant 17 accusés, dont 12 agents de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE).
Pour rappel, Martinez Zogo, journaliste sur Amplitude FM à Yaoundé, a été enlevé, torturé puis assassiné en janvier 2023. Il était connu pour dénoncer la corruption au sein des hautes sphères du pouvoir camerounais.
Les exceptions soulevées par la défense
Les avocats ont mis en évidence plusieurs irrégularités majeures dans la procédure. Ils contestent notamment une perquisition effectuée sans mandat au domicile de Jean-Pierre Amougou Belinga. La défense dénonce également des auditions de présomption menées de manière irrégulière, ainsi que des procès-verbaux qui ont été « régularisés » après les faits. La légitimité même de la commission mixte d'enquête est remise en question par les avocats de la défense.
L'imbroglio de l'ordonnance de renvoi
Un point de contestation concerne l'ordonnance du 1er décembre 2023, signée par le juge Sikati II Kamwo. Ce document ordonnait la libération d'Amougou Belinga et de l'ex-directeur de la DGRE, Léopold Maxime Eko Eko. Bien que le tribunal militaire ait déclaré ce document falsifié, la défense persiste à affirmer son authenticité et s'appuie sur celui-ci pour demander la libération de ses clients.
La décision attendue aujourd'hui revêt une importance capitale pour la suite de la procédure. Si les exceptions sont acceptées par le tribunal, l'ensemble de l'enquête pourrait devoir être reprise depuis le début. Cette décision pourrait également entraîner la libération de certains accusés. Le commissaire du gouvernement, pour sa part, a fermement requis le rejet de l'ensemble des exceptions présentées.
Les débats sur le fond de l'affaire, qui sont en suspens depuis mars en raison de ces questions de forme, pourraient enfin débuter si les exceptions sont rejetées par le tribunal. Cette affaire, qui a profondément marqué l'opinion publique camerounaise, révèle les complexités procédurales d'un dossier particulièrement sensible, où s'entremêlent journalisme d'investigation, corruption présumée et implications des services de renseignement.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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