Les brûlures (Ph KOACI)

Dans la ville de Man, le calme du quartier Kpangouin 2 a été troublé par un drame d’une rare violence entre deux adolescentes. Une querelle autour d’un jeune homme a dégénéré, laissant l’une des protagonistes grièvement brûlée, provoquant une onde de choc dans la communauté locale.

Tout aurait commencé en milieu de journée, entre midi et 14 heures. M.T., une adolescente résidant à Dioulabougou, avait prévu de rendre visite à son petit ami, un jeune homme du nom de Daddy, domicilié à Grand Gbapleu. En l’informant de son arrivée, elle ne se doutait pas qu’elle allait se retrouver au cœur d’un triangle amoureux explosif.

En franchissant le seuil de la maison, M.T. découvre son compagnon en compagnie d’une autre jeune fille, Fatim. La scène déclenche une montée de tension immédiate. Les regards s’embrasent, les voix s’élèvent, et l’atmosphère se charge de rancœur. Daddy, témoin impuissant de cette confrontation, tente tant bien que mal de calmer le jeu, mais ses interventions maladroites – mêlant menaces et gestes de nervosité – ne font qu’attiser le feu.

Invitée à s’éloigner, Fatim refuse de céder. Elle provoque M.T., l’accuse, la défie, et finit par l’entraîner hors de la cour pour « en finir ». La confrontation se poursuit non loin de là, dans une zone où mijote une marmite d’eau bouillante. Dans la confusion de l’affrontement, un geste de trop, un déséquilibre brutal – et l’irréparable se produit : M.T. est aspergée par l’eau brûlante. Son bras gauche est touché en pleine chair. Elle s’effondre, perd brièvement connaissance.

Lorsque M.T. retrouve ses esprits, elle est seule, abandonnée, tremblante de douleur. Daddy, dont la présence aurait pu changer le cours des choses, est resté indifférent. Sans aide, sans mots, il l’a laissée repartir en état de choc. Rentrée péniblement chez elle, M.T. reste longtemps silencieuse, avant de confier l’histoire à ses parents. Ces derniers, indignés et inquiets, portent plainte au commissariat du premier arrondissement.

Admise à l’hôpital, M.T. est soignée pour ses brûlures, tandis que Fatim reste introuvable. Selon des proches, elle aurait quitté précipitamment le domicile familial, redoutant les suites judiciaires. Daddy, quant à lui, est au centre de nombreuses rumeurs : plusieurs habitants du quartier l’accusent de traîner dans des cercles aux activités peu recommandables.

Aujourd’hui, dans les rues de Man, ce fait divers dramatique suscite colère et incompréhension.

L’enquête suit son cours, mais une chose est certaine : la blessure laissée par cet épisode dépasse la seule brûlure physique. C’est une communauté entière qui se retrouve confrontée au reflet brutal d’un malaise social plus profond.

Jean Chresus, Abidjan