Une violente tentative d’occupation du siège de la Mutuelle d’Assurance des Taxis-compteurs d’Abidjan (MATCA) a été déjouée le lundi 19 mai, grâce à l’intervention rapide des forces de l’ordre. L’assaut, survenu aux alentours de 9 heures, a semé la panique au sein du personnel et des passants. 

Treize individus ont été interpellés, parmi lesquels le chef de gang présumé, un certain Matchè, blessé lors de son arrestation. La direction de la MATCA a porté plainte contre les assaillants et leurs supposés commanditaires.

D’après les premiers éléments de l’enquête, cette action violente n’est pas le fruit du hasard. Elle aurait été organisée par Diabaté Malick, ancien cadre influent de la mutuelle, qui aurait réuni plusieurs anciens délégués et administrateurs la veille, dimanche 18 mai, pour planifier une tentative de déstabilisation. Le rendez-vous aurait eu lieu au Plateau, à proximité du Cercle des Rails.

Informés de ces préparatifs, certains anciens délégués ont refusé de s’associer à cette opération. L’un d’eux a d’ailleurs alerté l’équipe dirigeante actuelle, qui a immédiatement saisi les autorités.

« C’était une tentative claire de s’opposer aux institutions et à la justice », a déclaré un administrateur de la mutuelle.

Les forces de sécurité, mises en alerte dès l’aube, avaient déjà mis en place un dispositif de surveillance autour du siège de la MATCA. Plusieurs individus à moto, vraisemblablement chargés de repérer les lieux, ont été appréhendés tôt dans la matinée. Peu après, un groupe d’environ 50 assaillants armés de gourdins et de gris-gris a tenté de pénétrer dans les locaux, brisant les vitres et forçant les portes.

Les forces de l’ordre sont rapidement intervenues, provoquant la dispersion des assaillants. Treize d’entre eux ont été arrêtés, dont Matchè, figure connue des milieux délinquants d’Abidjan. Blessé à la jambe après avoir agressé un agent, il a été conduit sous surveillance à l’hôpital.

Cet événement intervient dans un contexte déjà tendu, marqué par un audit en cours au sein de la MATCA. Les premières conclusions font état de détournements de fonds estimés à plus de 10 milliards de francs CFA. Pour la direction actuelle, cette attaque est une tentative de sabotage orchestrée par ceux qui redoutent les révélations à venir.

« La présence de Matchè, qui n’a aucun lien avec la mutuelle, prouve que cette opération a été commanditée par des individus extérieurs à la gouvernance actuelle, probablement des anciens dirigeants », estime un membre du conseil d’administration.

Des témoins affirment avoir aperçu plusieurs anciens administrateurs sur les lieux, ou à proximité, le jour de l’attaque. Les noms de Diabaté Malick, Moussa Fofana, Cissé Ba Sidick, Cheikh Mohamed Aïdara, Garango, Gros Ouézin, Cheikh Gor et Amara le Gros sont cités. Certains auraient été vus près de l’hôtel Ibis, semblant coordonner l’opération.

Face à ces faits, la Direction générale de la MATCA a porté plainte contre les assaillants ainsi que leurs présumés commanditaires. Une enquête judiciaire est en cours afin d’établir les responsabilités.

Le Collectif des Sociétaires des Taxis Compteurs d’Abidjan (CSTCA) a rapidement réagi dans un communiqué. Il condamne fermement cette tentative de prise de contrôle illégitime, menée selon lui par des individus n’ayant aucune qualité de sociétaire. Il dénonce une manœuvre visant à imposer une administration provisoire et à perturber les réformes en cours.

« La MATCA est une mutuelle créée par et pour ses sociétaires. Aucune décision concernant sa gouvernance ne peut être imposée de l’extérieur », affirme le collectif, qui appelle les autorités à respecter la volonté des sociétaires et à soutenir les efforts de transparence engagés par le Directeur général intérimaire, Seri Kanon Roger.

Alors que le calme est revenu autour du siège de la mutuelle, les employés restent sous le choc. Plusieurs questions subsistent : les assaillants cherchaient-ils à intimider ou à prendre le contrôle de la mutuelle ? Cette opération visait-elle à détourner l’attention de l’audit en cours ?

Une chose est sûre : la tentative de déstabilisation a échoué. Mais l’affaire, désormais entre les mains de la justice, pourrait avoir de lourdes conséquences pour ses instigateurs.

Wassimagnon