

Côte d'Ivoire : MATCA, les transporteurs rejettent la nomination de l'administrateur provisoire
Soumahoro Mamadou devant la presse (Ph KOACI)
La tension monte autour de la Mutuelle d’Assurance des Taxis-Compteurs d’Abidjan (MATCA), alors que de graves accusations de fraude et de détournements secouent l’institution. Soumahoro Mamadou, président de la MTCI et porte-parole du CSTCA, lors d'une rencontre avec la presse ce jeudi 22 mai 2025, a tiré la sonnette d’alarme sur ce qu’il qualifie de "dérive prolongée" au sommet de la mutuelle.
Selon lui, cela fait plus de onze ans que la MATCA est dirigée par des individus qui ont accédé à leurs fonctions en dehors de toute légalité. Il a dénoncé notamment l’ascension de Fama Touré et Guédou Élie aux postes de Président du Conseil d’Administration et de Directeur Général, grâce à un agrément falsifié prétendument délivré par la CIMA, l’organisme régional chargé de réguler le secteur des assurances dans quatorze pays africains. Cette fraude présumée aurait été rendue publique dès 2013, après que M. Dimba Samba Diallo, alors en poste à la CIMA, a désavoué un document falsifié portant son nom et sa signature.
Mais les accusations ne s’arrêtent pas là. D’après Soumahoro Mamadou, des sommes colossales se seraient évaporées des caisses de la mutuelle, sans la moindre traçabilité ni approbation du Conseil d’administration. Il cite l’exemple d’un bâtiment, l’immeuble KM, pour lequel plus de 400 millions de FCFA auraient été dépensés sans aucun appel d’offres ni présentation de factures. Pire, une partie de cette somme aurait été utilisée pour repeindre le bâtiment, avant sa démolition quelques années plus tard.
Le malaise s’est accru lorsque des documents ont révélé que la MATCA serait actionnaire dans une institution de microfinance, sans que cette information ait jamais été partagée avec les sociétaires. Des fonds auraient même été transférés à des entreprises externes, sous forme de prêts dont la légitimité reste à prouver.
Face à cette gestion jugée catastrophique, une procédure judiciaire a été engagée contre l’ancien directeur général, Guédou Élie. "Je ne cherche aucun poste. Je suis entrepreneur et je vis de mon travail. Mon combat est pour la justice, la vérité, et la protection des intérêts des sociétaires", a insisté Soumahoro Mamadou.
Un audit a récemment été lancé sous la supervision du directeur général intérimaire, Séri Kanon Roger, qui aurait déjà mis à jour de nombreuses irrégularités. Cependant, en plein déroulement de cette enquête interne, le gouvernement a décidé de nommer un administrateur provisoire, M. Dicoh Balamine, une décision que les membres du CSTCA dénoncent comme précipitée et troublante. Ce dernier, déjà passé par la MATCA dans les années précédentes, avait été licencié sans explication publique – un fait qui, selon les transporteurs, justifie une grande prudence à son égard.
En signe de désapprobation, les responsables syndicaux annoncent la tenue d’une réunion de crise le vendredi 23 mai 2025. Leur exigence est claire : que l’audit soit mené à son terme, que la lumière soit faite sur la gestion passée, et que les décisions soient prises sur la base de la transparence, et non dans la précipitation.
Pour ces professionnels du transport, la MATCA ne doit plus être le terrain de jeux de quelques individus, mais redevenir ce qu’elle était censée être : une mutuelle au service de ses sociétaires.
Jean Chresus, Abidjan

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