Le parieur malheureux (Ph Koaci)

À Odienné, le rêve d’un jeune homme de 22 ans s’est transformé en cauchemar judiciaire. Gérant d’une agence mobile money au quartier Yankafissa, R. E., ressortissant béninois, a choisi un moyen peu orthodoxe pour tenter de changer son quotidien : détourner la caisse de son employeur et miser l’essentiel sur un pari sportif en ligne. Montant total du coup de poker : 3.479.808 FCFA. L’enjeu ? Une victoire improbable dans un match de football… qui s’est soldé par une lourde défaite, 5 à 0.

L’alerte a été donnée peu après midi, ce jour-là. Le responsable de l’agence, constatant l’absence inexpliquée du gérant et la disparition simultanée des téléphones de service ainsi que de la totalité des fonds, saisit aussitôt la Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI) d’Odienné. L'accusation ne fait aucun doute : abus de confiance aggravé.

Six heures plus tard, à 18 heures précises, la BRI localise et interpelle le suspect dans le quartier Kamatela. Face aux enquêteurs, R. E. ne tente pas de fuir la réalité. Il avoue sans ambages avoir emporté la somme, dont une partie – environ un million – aurait été dilapidée dans des dépenses qu’il qualifie de “courses”. Mais c’est le reste du pactole, soit près de 2,5 millions de francs CFA, qui intrigue les enquêteurs : il a été intégralement englouti dans un pari sportif, effectué via une application mobile bien connue des amateurs de jeux d'argent.

Le jeune homme misait sur un exploit sportif, une victoire qui n’est jamais venue. Le match en question s’est soldé par une déroute totale de l’équipe sur laquelle il comptait pour changer son destin. Une humiliation sur le terrain, et une chute dans la réalité judiciaire.

Le dossier est désormais entre les mains des autorités compétentes. R. E. devra répondre de ses actes devant la justice, pour avoir voulu jouer gros avec l’argent d’autrui.

Dans cette affaire, la seule victoire certaine revient à la BRI d’Odienné, qui, fidèle à sa réputation, a su démontrer son efficacité et sa réactivité en ramenant, en moins d’une journée, le coupable à la barre. Tandis que le parieur malchanceux a tout perdu, la brigade, elle, a une fois de plus marqué un but décisif contre la délinquance ordinaire.

Jean Chresus, Abidjan