Face aux multiples reports du projet de la monnaie unique de la CEDEAO, les autorités ivoiriennes ont décidé de passer à la vitesse supérieure. À l’initiative du ministère délégué auprès du ministère des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur, chargé de l’Intégration africaine, un atelier stratégique a été organisé, ce vendredi 13 juin à Abidjan pour réfléchir à la mise en place d’une Task Force nationale de suivi de la mise en œuvre de l’ECO, la future monnaie unique de la CEDEAO.

Présidé par Golé Bi Guillaume, Directeur des politiques communautaires, macroéconomiques et financières, représentant le Directeur de cabinet du ministère délégué, cet atelier a réuni un parterre d’experts issus de plusieurs institutions clés : BCEAO, Ministère de l'Économie, du Plan et du Développement, Direction Générale de l’Économie, Comité national de politiques économiques, société civile et opérateurs économiques.

Dans son allocution d’ouverture, Golé Bi Guillaume a exprimé la satisfaction du Ministère face à cette initiative, saluant la mobilisation des parties prenantes. Il a rappelé que ce projet, lancé depuis les années 1980, est à la fois un enjeu économique majeur et une aspiration politique forte des peuples ouest-africains. 

« Notre monnaie unique, tant annoncée mais jamais au rendez-vous, ne doit pas être perçue comme un signe d’impréparation ou de manque de volonté politique. »

Il a également souligné les efforts constants de la Côte d’Ivoire au sein des instances de la CEDEAO pour faire avancer ce dossier stratégique, notamment à travers sa participation active aux réunions techniques et politiques, dont les plus récentes ont acté un nouveau calendrier visant un lancement de l’ECO à l’horizon 2027.

Cet atelier s’inscrit dans la continuité des engagements pris lors de la réunion du 30 octobre 2024. Il avait alors été reconnu que les multiples retards du projet résultent notamment des difficultés persistantes à respecter les critères de convergence macroéconomique, des défis de gouvernance monétaire, et d’un manque de coordination entre les États.

Le contexte sécuritaire et politique, marqué par la sortie de certains pays de la CEDEAO dans le cadre de la création de l’Alliance des États du Sahel (AES), a été évoqué comme un facteur accélérateur de la nécessité d’approfondir l’intégration régionale autour d’une monnaie commune.

L’objectif général de cet atelier est clair : créer un cadre institutionnel formel, via un arrêté interministériel, pour coordonner efficacement les actions nationales en faveur de l’ECO.

Il s’agit d’assurer un suivi rigoureux, de favoriser une meilleure communication avec les populations, d’identifier les points de blocage, et de proposer des compromis politiques sur les divergences techniques.

Les travaux ont permis de valider les axes principaux de la note conceptuelle de création de la Task Force nationale ainsi que l’avant-projet d’arrêté interministériel définissant son fonctionnement, ses attributions et sa composition.

Parmi les recommandations fortes issues de cet atelier, l'élargissement de l’équipe de négociation aux représentants du Ministère des Affaires étrangères et à la diplomatie ivoirienne, l’implication active des experts nationaux pour mieux articuler les positions techniques et politiques, une communication renforcée auprès des citoyens pour raviver la confiance et l’adhésion autour du projet et une coordination étroite avec les partenaires sous-régionaux.

Alors que la CEDEAO ambitionne un lancement effectif de l’ECO en 2027, cette initiative ivoirienne apparaît comme une réponse structurée aux défis persistants. Elle marque une volonté politique claire : celle de ne plus subir les retards, mais de devenir un acteur moteur du changement. La monnaie unique ouest-africaine n’est pas une chimère, mais un chantier exigeant qui nécessite cohérence, volonté, et coordination.

Wassimagnon