Akossi Bendjo signant pour le compte du PDCI la déclaration commune en présence de Gbagbo ce jeudi à Cocody (Ph KOACI)

À l’issue d’une rencontre politique tenue ce jeudi 19 juin 2025 à Cocody, comme sur place constaté par KOACI, deux des principales formations de l’opposition ivoirienne, le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) dirigé par l’ancien président Laurent Gbagbo, et le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) conduit par Tidjane Thiam, en France depuis avril, ont officialisé la création d’un front commun. Une alliance politique, présentée comme une réponse à la situation sociopolitique du pays, dont les initiateurs entendent faire un instrument de mobilisation nationale pour la justice sociale, le respect de la Constitution et l’instauration d’une démocratie plus inclusive.

Dans une déclaration conjointe lue par le porte-parole du PDCI-RDA, l’honorable Soumaïla Bredoumy, les deux partis ont annoncé la mise en place d’un cadre de coordination stratégique destiné à faire entendre leurs revendications face au pouvoir exécutif. Au centre de leurs exigences figurent la réintégration sur la liste électorale de plusieurs figures politiques majeures – Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé et Noël Akossi Bendjo –, ainsi qu’un audit complet du fichier électoral, jugé peu crédible par l’opposition.

Loin d’être une simple alliance électorale, ce front commun veut également peser sur le processus électoral à venir. Il réclame une révision de la liste électorale avant l’échéance présidentielle de 2025, conformément aux dispositions du code électoral, et exige une réforme profonde de la Commission Électorale Indépendante (CEI), afin de garantir des élections transparentes et équitables. Un appel au dialogue politique a aussi été lancé à l’endroit du gouvernement, avec pour ambition d’ouvrir un cadre de discussions inclusif.

Tidjane Thiam, intervenant en visioconférence depuis l’extérieur, a exprimé son soutien sans réserve à cette nouvelle coalition. Il a salué l’engagement de Laurent Gbagbo et affirmé : « Président Gbagbo, merci d’avoir accepté de prendre la direction de ce front commun ».

Faut-il préciser que le mouvement "Trop c'est Trop" mis en place par Gbagbo qui regroupe également le mouvement Générations et Peuples Solidaires (GPS) de Guillaume Soro et d’autres formations politiques, servira également de levier populaire à cette dynamique d’opposition structurée.

Un comité paritaire réunissant des représentants du PPA-CI et du PDCI sera mis en place dans les jours à venir pour assurer le suivi de la mise en œuvre des décisions prises.

Même si Gbagbo et Thiam sont tous deux hors-jeu pour la présidentielle d'octobre prochain et que cette "alliance" arrrive un peu tard, ce front commun veut se positionner comme une force de contestation légitime et de proposition alternative, dans un contexte politique où la méfiance vis-à-vis du processus électoral demeure forte au sein d’une partie significative de la population.

Jean Chresus, Abidjan