Un don de 1000 tonnes de riz et de médicaments essentiels arrive à point nommé dans un contexte préélectoral tendu

Dans un contexte où le gouvernement camerounais fait face à la fois aux défis humanitaires des inondations catastrophiques de l'Extrême-Nord et aux enjeux politiques d'une campagne présidentielle qui s'annonce, l'aide internationale prend une dimension particulière.

L'ampleur du don indien – 1000 tonnes de riz, des médicaments essentiels et du matériel de secours d'urgence – témoigne de la gravité de la situation dans les régions sinistrées du Nord-Cameroun. Selon le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, les récentes crues ont affecté des dizaines de milliers de personnes, détruisant les récoltes et compromettant la sécurité alimentaire dans une zone déjà fragilisée par l'instabilité sécuritaire.

Dans ses déclarations, le ministre a qualifié ce soutien de « manifestation concrète de la coopération Sud-Sud », une rhétorique qui s'inscrit dans la stratégie diplomatique camerounaise de diversification des partenariats.

Timing

À quatre mois de l'élection présidentielle, cette aide internationale arrive dans un moment où le gouvernement cherche à démontrer sa capacité à mobiliser des soutiens extérieurs et à gérer les crises humanitaires. L'efficacité de la réponse aux catastrophes naturelles constitue traditionnellement un enjeu électoral majeur, particulièrement dans les régions rurales où l'impact des inondations se fait le plus sentir.

De son côté, le Haut-Commissaire indien Shri Vijay Khanduja a évoqué « les liens d'amitié durables entre les deux nations » et présenté cette assistance comme « un témoignage de la solidarité du peuple indien envers les frères camerounais éprouvés ».

Au-delà des déclarations officielles, la réussite de cette opération humanitaire dépendra largement de l'efficacité des mécanismes de distribution mis en place. Le ministre Atanga Nji a assuré que « des dispositifs logistiques opérationnels » étaient déjà déployés pour acheminer rapidement l'aide vers les zones affectées de l'Extrême-Nord.

Cette région, frontalière du Nigeria et du Tchad, présente des défis sécuritaires et logistiques considérables. La capacité du gouvernement à assurer une distribution équitable et transparente de cette aide constituera un test important de sa gouvernance, scruté de près par l'opinion publique et les observateurs politiques.

Au sein de l’opinion, l’on estime que New Delhi développe une stratégie d'influence basée sur l'aide humanitaire.

Les organisations de la société civile camerounaise ont déjà annoncé leur intention de suivre de près la distribution de cette aide humanitaire. Dans un contexte préélectoral sensible, la transparence dans la gestion de ces ressources devient un enjeu de crédibilité pour les autorités en place.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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