

Côte d'Ivoire : Mamadou Touré : « Alassane Ouattara sera notre candidat, les situations nationale et sous-régionale demandent qu'il le soit »
À quelques mois d’une élection présidentielle très attendue en Côte d’Ivoire, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), parti au pouvoir, se réunit en congrès. Au cœur de ce rassemblement : la question de la candidature du président sortant, Alassane Ouattara, pour un quatrième mandat. Malgré la controverse que suscite cette éventualité, Mamadou Touré, ministre de la Promotion de la Jeunesse et porte-parole adjoint du gouvernement, assure que le chef de l’État reste, selon lui, la meilleure option pour diriger le pays dans le contexte actuel.
Selon Mamadou Touré, la stabilité politique, les progrès économiques et les défis régionaux imposent une continuité incarnée par l’actuel président. Il met en avant les résultats obtenus ces quinze dernières années : une réduction notable de la pauvreté, une croissance économique solide et la consolidation des institutions. Dans ce contexte, estime-t-il, seul un homme disposant de l’expérience et de l’autorité d’Alassane Ouattara serait à même de préserver les acquis et d’affronter les incertitudes régionales, notamment les tensions nées de la crise entre la CEDEAO et certains pays sahéliens.
La question de l’âge du président, qui fêtera ses 84 ans en janvier prochain, est balayée d’un revers de main. Pour Mamadou Touré, ce qui importe, ce n’est pas le nombre d’années, mais l’aptitude à gouverner. Il se veut rassurant : le président Ouattara est, selon lui, en pleine possession de ses moyens et dispose encore de l'énergie nécessaire pour guider la nation. Et si ce quatrième mandat se concrétise, il devrait marquer, constitutionnellement, le dernier.
Face aux critiques récurrentes de l’opposition sur la légitimité des précédentes candidatures d’Alassane Ouattara, le ministre réaffirme que la décision du Conseil constitutionnel en 2020 avait tranché la question, estimant que la réforme constitutionnelle permettait un nouveau cycle de deux mandats. Il estime ainsi que le débat juridique est clos, malgré les accusations d’« abus de pouvoir » brandies par certains adversaires du régime.
Quant aux critiques concernant l’éviction de figures majeures de l’opposition, Mamadou Touré défend fermement la position du gouvernement. Pour lui, les obstacles juridiques auxquels font face Laurent Gbagbo ou encore Tidjane Thiam relèvent de leur propre responsabilité.
L’ancien président Gbagbo, toujours radié de la liste électorale, ne remplirait pas les conditions légales pour se présenter. Tidjane Thiam, quant à lui, aurait tardé à renoncer à sa nationalité française, une démarche obligatoire selon la Constitution pour briguer la magistrature suprême. Le ministre estime que ces manquements sont le résultat de choix personnels, non de manœuvres politiques.
Interrogé sur le climat politique et les risques de tensions à l’approche du scrutin, Mamadou Touré rejette toute analogie avec la crise de 2010. Il considère que les conditions de l’époque n’ont plus cours : le pays, selon lui, est unifié, l’armée restructurée, les groupes armés désarmés. Les appels de Laurent Gbagbo à la mobilisation dans la rue sont, à ses yeux, des relents d’un passé révolu que les Ivoiriens ne souhaitent plus revivre.
À travers ces déclarations, le pouvoir en place prépare l’opinion à ce qu’il considère comme une nécessité historique : la reconduction d’un président, qu’il juge indispensable à l’équilibre d’un pays encore marqué par des blessures récentes et des menaces nouvelles. Même si aucun parti ne rivalise avec le RHDP dans les urnes et dans les caisses financières, reste à savoir si ce pari politique saura convaincre au-delà des rangs du RHDP.
Jean Chresus, Abidjan

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La façon intelligente et utile pour Ouattara d'entrer dans l'histoire, c'est d'être le 1er président Ivoirien à transmettre pacifiquement le pouvoir à son successeur. Comme au Sénégal, comme au Bénin, comme au Ghana et même au Nigéria (pays pourtant réputé violent et brouillon). La transmission pacifique au successeur garantissant la survie de l'Etat par continuité constitutionnelle, Houphouët ne l'a pas fait, Bédié ne l'a pas fait, Guéï ne l'a pas fait, Gbagbo ne l'a pas fait. Entre l'Histoire, la Grande, et l'intérêt partisan Petit, que va-t-il choisir ?

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