Le butin volé (Ph KOACI)

Dans le calme trompeur de la nuit du 23 juin 2025, aux environs de 23h42, une alerte brise la routine des agents de la Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI) de Gagnoa. Un camion transportant une importante cargaison de cacao vient d’être braqué sur la route reliant Gagnoa à Mahibouo. Un acte audacieux, presque irréel, tant déplacer une telle marchandise – près de deux tonnes de fèves – demande logistique et sang-froid.

Sans perdre une minute, les forces de l’ordre prennent la route. L’enjeu est double : remettre la main sur le précieux chargement et comprendre comment une telle opération a pu se dérouler sans être immédiatement repérée. Vingt-quatre heures plus tard, le 24 juin vers 23h, leurs efforts portent leurs premiers fruits. Le camion est retrouvé, abandonné dans le quartier de Djoulabougou. À l’intérieur, plus rien. Ni conducteur, ni cacao.

Mais les agents ne se découragent pas. Conscients que déplacer un tel volume ne peut se faire discrètement ni sans proximité, ils scrutent les environs. À un kilomètre de là, une cour attire leur attention. Sous une bâche, un monticule suspect. Lorsqu’ils la soulèvent, le doute n’est plus permis : les sacs de cacao y ont été dissimulés.

Le procureur de Gagnoa est aussitôt saisi. Une perquisition est ordonnée. Dans la maison attenante, les policiers découvrent 22 sacs vides glissés sous un lit – exactement le nombre que le propriétaire du camion avait déclaré volés. Le cacao est transvasé à nouveau dans les sacs, tout concorde. La BRI procède à la restitution du camion et de sa marchandise, sur instruction du procureur.

Mais l’homme qui occupait la cour n’était plus là. Parti juste à temps, il a laissé derrière lui des traces exploitables. Des éléments que les enquêteurs de la BRI exploitent déjà pour remonter jusqu’à lui. Le suspect est en fuite, mais pour combien de temps encore ? La traque est lancée, et à Gagnoa, le cacao n’a pas fini de révéler ses mystères.

Jean Chresus, Abidjan