Cameroun : Monique Ouli Ndongo prête serment au Conseil constitutionnel dans un contexte préélectoral tendu
Monique Ouli Ndongo (Ph)
Le nouveau membre du Conseil constitutionnel a officiellement pris ses fonctions ce vendredi, malgré les polémiques suscitées par sa nomination à quelques mois de la présidentielle camerounaise.
Madame Ouli Ndongo Monique a officiellement pris ses fonctions de membre du Conseil constitutionnel ce vendredi 27 juin 2025, lors d'une cérémonie solennelle de prestation de serment organisée à l'Assemblée nationale dans un contexte de tensions politiques autour de l'indépendance de cette institution compétente en matière constitutionnelle et organe régulateur du fonctionnement des institutions.
La cérémonie s'est déroulée au Palais de Verre Paul Biya à 11 heures précises, en présence de hautes personnalités de l'État. Elle était coprésidée par le Président de l'Assemblée nationale, Cavaye Yeguie Djibril, et le Vice-président principal du Sénat, Monsieur Aboubakary Abdoulaye. Le Premier ministre Joseph Dion Ngute figurait également parmi les personnalités présentes.
Le Parlement avait été spécialement convoqué en Congrès à la demande du Président Paul Biya pour recevoir le serment du nouveau membre du Conseil constitutionnel, nommée par Décret Présidentiel N° 2025/115 du 8 avril 2025.
Parcours politique
Originaire du département de la Kadey dans la région de l'Est, Madame Ouli Ndongo Monique succède numériquement à Emmanuel Bondé, décédé. Son profil conjugue expertise technique et expérience politique de premier plan.
Diplômée de la Faculté d'agronomie et des sciences agricoles (FASA) de l'Université de Dschang en 1985, elle est Ingénieur des travaux agricoles. Sa carrière professionnelle l'a menée au Ministère de l'Élevage, des Pêches et des Industries Animales (MINEPIA), où elle a gravi les échelons jusqu'à occuper les fonctions stratégiques de Secrétaire Générale de ce département ministériel de 2006 à 2015.
Sur le plan politique, Madame Ouli Ndongo s'est imposée comme une figure de proue de l'émancipation politique féminine au Cameroun, particulièrement dans la région de l'Est. Membre titulaire élue du comité central du RDPC en 2011, elle a ensuite été élue Sénatrice titulaire de l'Est Cameroun en 2013, mandat qu'elle a renouvelé en 2018 lors de la deuxième législature.
Polémique
Cependant, cette nomination, annoncée le 8 avril 2025, n'a pas fait l'unanimité dans le paysage politique camerounais. Les critiques se focalisent principalement sur la double casquette de Madame Ouli Ndongo : membre du Conseil constitutionnel d'une part, et membre titulaire du comité central du RDPC, le parti au pouvoir, d'autre part.
L'opposition s'est montrée particulièrement virulente. Adamou Koupit, député de l'UDC, un parti de l'opposition, a ainsi déclaré : « S'agissant de la nomination de madame Monique Ouli Ndongo (militante du RDPC) comme membre du conseil constitutionnel, personne ne peut discuter. Sur le plan politique, c'est une dame à qui on ne peut rien reprocher. Mais elle est membre titulaire du comité central du RDPC. Elle y est depuis 2011. Mais un président ne peut pas prendre, un haut cadre de son parti politique et le mettre là où on va décider de qui est élu ou pas. Cette dame aura-t-elle, la capacité et la possibilité de dire que le président Biya a échoué, en octobre prochain ? Elle ne peut pas. Elle va prêter serment étant membre du comité central. Ce n'est pas possible. »
Suite à cette nomination controversée, le Président national du MRC avait d'ailleurs appelé les Camerounais à « préparer une riposte, face à ce qui se dessine sous leurs yeux ».
Ces critiques prennent une résonance particulière dans le contexte de l'élection présidentielle prévue cette année 2025 au Cameroun. Le Conseil constitutionnel, en sa qualité de juge des élections, jouera un rôle déterminant dans la validation des résultats du scrutin.
Malgré les polémiques, Madame Ouli Ndongo Monique est désormais investie de la lourde responsabilité de contribuer aux décisions du Conseil constitutionnel. Sa prestation de serment marque le début d'une mission qui sera scrutée de près par l'opinion publique et les observateurs politiques, particulièrement dans la perspective des échéances électorales à venir.
L'enjeu pour le nouveau membre du Conseil constitutionnel sera de démontrer sa capacité à exercer ses fonctions en toute indépendance, au-delà de ses attaches partisanes, afin de préserver la crédibilité de cette institution fondamentale de la démocratie camerounaise.
Les membres statutaires du Conseil constitutionnel au Cameroun sont au nombre de 11.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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