À quatre mois de l'élection présidentielle d'octobre 2025, Maurice Kamto, qui se présente comme candidat à la magistrature suprême, s'exprime pour dénoncer ce qu'il appelle un « projet macabre » du régime RDPC dans le Grand Nord camerounais.

Dans une déclaration officielle, le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) accuse le parti au pouvoir de vouloir exploiter les tensions communautaires pour maintenir son emprise sur le pouvoir.

Le réveil qui dérange le pouvoir, selon Kamto

 Représentant plus de 40% de l'électorat camerounais, les trois régions du Grand Nord (Adamaoua, Nord et Extrême-Nord) se retrouvent au cœur d'un affrontement politique sans précédent. Maurice Kamto dresse un constat sans appel : « Depuis les premières élections pluralistes des années 1990, le régime RDPC considère simplement ces populations comme une réserve de voix permettant d'ajuster les résultats des élections. » L'opposant dénonce des décennies de négligence dans des secteurs cruciaux tels que la sécurité, les infrastructures, l'énergie, l'accès à l'eau potable, l'éducation, la santé et le développement industriel.

« Le régime en place ne traite-t-il pas avec condescendance et mépris les populations du Grand Nord, auxquelles il ne pense qu'à l'occasion des élections ? », s'interroge-t-il.

La charge de Maurice Kamto prend une tournure particulièrement sérieuse lorsqu'il évoque les « événements de 1984 » et établit un parallèle avec la crise anglophone. « Le pouvoir en place n'a-t-il donc tiré aucune leçon de la guerre civile inutile, meurtrière et destructrice qu'il a provoquée de manière irresponsable dans les régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-Ouest, il y a bientôt neuf ans ? », s'interroge-t-il.

Maurice Kamto suggère que le pouvoir pourrait utiliser la même stratégie de déstabilisation dans le Grand Nord pour empêcher son émancipation politique.

Maurice Kamto ne se contente pas d'accusations générales. Il pointe du doigt « de nombreuses sorties sur les réseaux sociaux d'une militante du RDPC apparemment bien introduite, une certaine presse, et des personnes pouvant être clairement identifiées comme des communicants du RDPC » qu'il accuse de propager un « discours de haine visant à installer un climat de tension, voire de conflit ouvert entre les communautés socio-culturelles et religieuses. »

Cette stratégie, selon lui, vise à « enrayer la prise de conscience et la révolte politique pacifique en cours « dans une région où la jeunesse », a désormais fixé le cap à suivre à quiconque envisage de parler en son nom. »

Appel à l'unité

Face à cette situation Maurice Kamto se pose en rassembleur. Il invite « les braves et courageuses populations du Grand Nord, toutes sensibilités confondues, à ne pas céder aux manœuvres honteuses d'un régime incompétent et désorienté, qui redoute la sanction électorale du peuple. »

L'opposant va plus loin en s'adressant directement aux militants du RDPC originaires du Grand Nord : « Ils ne doivent pas répondre aux sirènes de la haine et de la division que leurs dirigeants politiques entonnent depuis Yaoundé. »

Pour rappel, le Grand Nord représente plus de 40% de l'électorat national. Le réveil politique de ces régions, longtemps considérées comme acquises au parti au pouvoir, pourrait redessiner la carte électorale camerounaise.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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