Le ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie mise sur l’intégration des entreprises ivoiriennes dans l’industrie pétrolière à travers une grande campagne de sensibilisation et de formation.

La Côte d’Ivoire poursuit son ambition de bâtir une économie nationale plus forte, en phase avec les dynamiques de son secteur pétrolier. Ce mercredi 3 juillet, l’expert en hydrocarbures Dja Bi Dja Anicet Habib, sous-directeur des études et de la réglementation à la Direction générale des hydrocarbures du ministère des Mines, du Pétrole et de l'Énergie, a animé une séance de formation dédiée à une première cohorte d’environ quatre-vingts entreprises ivoiriennes. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la « Caravane du contenu local », portée par le ministère.

Face aux acteurs économiques du secteur, Dja Bi Dja a levé le voile sur la stratégie gouvernementale :

« Le gouvernement ivoirien a voulu développer le secteur pétrolier tout en développant l’économie nationale », a-t-il affirmé. Cette volonté politique vise à rompre avec une logique extractive longtemps coupée du tissu économique local.

Dans un propos sans détour, l’expert a rappelé que l’industrie pétrolière, importée d’Occident, a longtemps fonctionné en vase clos, marginalisant les compétences et entreprises locales.

« À un moment donné, l’État a estimé, à juste titre, que les activités pétrolières ne pouvaient pas se développer sans lien avec l’économie nationale », souligne-t-il.

D’où l’adoption d’un cadre juridique structurant, avec une loi votée en 2022, un décret d’application en 2023, et des arrêtés ministériels en 2024. Une direction dédiée a également été mise en place pour piloter la mise en œuvre du contenu local.

Dja Bi Dja a vulgarisé la notion de contenu local, souvent perçue comme technique :

« Combien d’Ivoiriens travaillent dans le pétrole ? Combien d’entreprises ivoiriennes obtiennent des contrats ? Quel est le revenu généré pour les travailleurs locaux ? Voilà ce qu’on appelle le contenu local », a-t-il expliqué. Plus ces indicateurs sont positifs, plus le contenu local est jugé efficace.

L’expert insiste sur la nécessité de créer des synergies entre multinationales et sous-traitants locaux.

« Plus les grandes entreprises collaborent avec des prestataires ivoiriens, plus le tissu économique national se renforce », martèle-t-il.

Le but de la caravane est clair : clarifier la loi, les décrets, les arrêtés, et faciliter leur appropriation par les entreprises.

« Il n’y a pas de place pour les équivoques. Ce que nous faisons ici, c’est créer les conditions d’une application concrète et partagée du dispositif », précise Dja Bi Dja.

Une dynamique nationale inclusive

Cette première session de la caravane vise environ 80 entreprises. Mais l’ambition est nationale.

« En salle, c’est pour les entreprises. Mais ensuite, nous irons vers la presse, les écoles, les faîtières professionnelles », révèle-t-il.

L’approche est inclusive. Les jeunes, en particulier, sont ciblés, car plusieurs emplois dans le secteur sont désormais réservés aux Ivoiriens.

« Il faut que notre jeunesse soit informée et formée en conséquence », insiste-t-il, convaincu que la clé réside dans une meilleure adéquation entre les besoins du secteur et les compétences locales.

Au-delà de la formation, la « Caravane du contenu local » se veut une tribune d’écoute et de mobilisation nationale. Une série d’activités est prévue, avec un lancement officiel attendu sous la houlette des plus hautes autorités du ministère.

Dja Bi Dja Anicet conclut avec une vision claire :

« Il ne s’agit plus seulement de produire du pétrole, mais de produire de la richesse pour les Ivoiriens, par les Ivoiriens. La Côte d’Ivoire doit y gagner. Mais les entreprises aussi doivent y trouver leur compte. »

Wassimagnon