Côte d'Ivoire : Recrudescence des accidents de la route, les auto-écoles s'insurgent contre leur exclusion des politiques de sécurité routière
Face à la montée inquiétante des accidents de la circulation en Côte d’Ivoire, Cissé Lamine, Secrétaire général du Syndicat du patronat des auto-écoles, est sorti de son silence. Dans une déclaration ferme, il dénonce l’exclusion injustifiée des auto-écoles des politiques de sécurité routière et interpelle les autorités sur l’inaction, le manque de concertation et les dérives dans le secteur.
Selon M. Cissé, la multiplication des accidents n’est pas du ressort des auto-écoles, contrairement à ce que laissent entendre certaines critiques. Il pointe plutôt le comportement irresponsable de nombreux conducteurs, ainsi que l’état dégradé de certains véhicules en circulation.
« Ce sont des conducteurs avec 5 à 10 ans d’expérience, mais ils roulent dans des véhicules qui ne sont même pas dignes de la route. Tous les jours, des voitures prennent feu. Et nous, les auto-écoles, on nous accuse », déplore-t-il.
Le SG du syndicat se dit profondément indigné par l’exclusion systématique des auto-écoles des discussions sur la sécurité routière, notamment lors des réunions ministérielles, comme celle qui aura lieu à Yamoussoukro.
« On parle de sécurité routière sans inviter ceux qui forment les conducteurs ? On préfère parler du “gros gros français” dans des séminaires où personne ne comprend rien. Résultat ? Rien ne change », s’insurge-t-il.
M. Cissé accuse frontalement l’Office de Sécurité Routière (OSER) de marginaliser les ONG actives dans la sensibilisation, de monopoliser les formations sans en avoir la capacité, et de transformer ses missions en source de profit.
« L’OSER tue les ONG, fait des sensibilisations mal organisées, et devient un centre de formation à lui seul. Mais peut-il former tous les conducteurs du pays ?
L’un des points les plus alarmants soulevés par M. Cissé concerne le programme “Permis Emploi Jeune”, censé faciliter l’obtention du permis de conduire pour les jeunes ivoiriens. Il dénonce une mauvaise répartition des marchés publics, au profit d’écoles fictives ou non qualifiées.
« On donne les permis à 40 000 francs à des structures sans véhicules ni salles. Mais est-ce qu’avec ce prix on peut former un vrai conducteur ? Les vraies auto-écoles, elles, n’ont rien reçu. »
S’il reconnaît les efforts du ministre des Transports et les avancées dans les infrastructures routières, M. Cissé remet en cause le silence et le mépris des collaborateurs du ministère, notamment le Directeur général des Transports.
« Depuis sa nomination, il ne nous a jamais rencontrés. Il est venu dans une réunion, a dit ‘moi je suis radio, on m’écoute’, puis est sorti sans dialogue. Ce n’est pas normal. »
Loin de se contenter de critiques, M. Cissé propose des solutions concrètes : recyclage obligatoire des conducteurs, implication des auto-écoles dans la sensibilisation, encadrement des programmes d’État, subventions pour les structures sérieuses.
« Nous avons le langage adapté, nous connaissons ces conducteurs. Ils viennent de chez nous. Nous devons être associés à toutes les initiatives de sécurité routière.
Le SG du syndicat annonce la tenue prochaine d’une grande conférence de presse, lors de laquelle il compte exposer publiquement les dysfonctionnements du système et proposer des pistes de réforme.
« Ce sera la dernière fois qu’on relègue les auto-écoles au second plan. Nous avons notre mot à dire. Trop, c’est trop. »
Wassimagnon
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