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Cameroun : Un collectif d'intellectuels exhorte Paul Biya à renoncer à la présidentielle de 2025
 

Cameroun : Un collectif d'intellectuels exhorte Paul Biya à renoncer à la présidentielle de 2025

 
 
 
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© Koaci.com - mercredi 09 juillet 2025 - 08:57


43 personnalités camerounaises de renom lancent un appel solennel au chef de l'État pour qu'il n'engage pas une huitième candidature consécutive.


Dans une lettre ouverte publiée ce 8 juillet 2025 dans les colonnes du quotidien Le Jour, le Collectif d'Intellectuels Patriotes (CIPA-CAM) adresse un vibrant appel au président Paul Biya pour qu'il renonce à briguer un nouveau mandat lors de l'élection présidentielle d'octobre 2025. Cette initiative, portée par 43 personnalités issues de divers horizons - journalistes, universitaires, avocats, médecins, cinéastes et leaders d'opinion - constitue l'une des prises de position les plus remarquées de la société civile camerounaise ces dernières années.


Appel au « sacrifice patriotique »


Le ton de la lettre se veut respectueux mais ferme. Les signataires ne « viennent point exiger » le départ du président, mais l'exhortent à « accomplir pleinement la noblesse » du pouvoir « en permettant sa transmission harmonieuse ». Pour ces intellectuels, le renoncement volontaire de Paul Biya « incarnerait un acte de haute sagesse politique, démontrant ainsi que l'intérêt national transcende les ambitions personnelles ».




L'argumentaire développé par le CIPA-CAM repose sur une vision stratégique du leadership africain. Selon eux, ce geste historique offrirait « à l'Afrique entière une leçon magistrale de démocratie, brisant définitivement le cycle stérile des présidences perpétuelles ». Les signataires y voient également une opportunité de réconciliation avec « les communautés anglophones, la diaspora, l'ecclésiastique et toutes les forces vives de la nation ».




Bilan contrasté après 43 ans de pouvoir




La lettre dresse un diagnostic sans concession de l'état du pays après plus de quatre décennies de règne de Paul Biya. Les intellectuels pointent du doigt plusieurs dysfonctionnements qui minent selon eux les fondements de l'État camerounais.




L'« Opération Épervier », lancée dans les années 2000 sous l'étendard de l'anticorruption, est particulièrement critiquée. Pour les signataires, cette initiative « n'a engendré qu'une traque sélective de personnalités politiques, vidant son combat de toute substance morale. Les infrastructures de base font également l'objet d'un constat alarmant. « L'effondrement des infrastructures vitales, eau potable et électricité en tête, paralyse quotidiennement des régions entières, abandonnées à leur délabrement », dénoncent les intellectuels. Cette situation, selon eux, résulte du fait que « les deniers publics, pillés avec une impudence systémique, asphyxient méthodiquement hôpitaux, écoles et réseaux routiers ».




 

Crise anglophone au cœur des préoccupations




Le conflit dans les régions anglophones occupe une place centrale dans l'argumentaire du CIPA-CAM. Les chiffres avancés sont particulièrement éloquents : « le conflit anglophone a déjà englouti 6 000 vies et forcé la fermeture de 80% des écoles dans les zones martyres ». Cette crise, qui perdure depuis plusieurs années, illustre selon les signataires l'urgence d'une transition politique apaisée.




Les intellectuels dénoncent également l'existence d'« une oligarchie inamovible » qui « tisse son empire sur l'armée, les richesses économiques et les rouages de l'État ». Cette concentration du pouvoir entre les mains d'un cercle restreint constitue, selon eux, un obstacle majeur à la démocratisation du pays.




Le tableau statistique brossé par le CIPA-CAM révèle l'ampleur des défis socio-économiques auxquels fait face le Cameroun. « 30% de la jeunesse croupit dans le chômage », soulignent les signataires, qui rappellent également que « le pays sombre au 142e rang mondial de l'indice de corruption ».


Malgré ce constat sombre, les intellectuels restent optimistes quant au potentiel du pays. Ils mettent en avant « une jeunesse vibrant d'intelligence et d'audace entrepreneuriale » qui « incarne la force vive d'une renaissance possible ». Le territoire camerounais, riche en « ressources naturelles prodigieuses » et bénéficiant d'un « positionnement géostratégique unique, au carrefour de l'Afrique », dispose selon eux de tous les atouts pour rebondir.




Dans un passage particulièrement habile, les signataires rappellent les propres déclarations de Paul Biya devant l'Assemblée Nationale en 1987 : « La retraite ne saurait constituer une sanction ; elle couronne au contraire le parcours accompli ». Cette citation, vieille de près de quatre décennies, est présentée comme ayant « une prescience troublante » dans le contexte actuel.




Le CIPA-CAM transforme ainsi les paroles du président en argument en faveur de son retrait volontaire. « Ce droit au repos ne saurait être un renoncement, mais constitue bien une transition méritée vers une existence paisible, digne et considérée », plaident les intellectuels, qui envisagent pour le chef de l'État un rôle de « personne ressource, dépositaire d'une expérience unique au service du bien commun ».


 

Face au dilemme qui s'offre au président, les signataires dressent un contraste saisissant entre deux scénarios possibles. D'un côté, « une huitième candidature consécutive » qui « risque d'enfermer le Cameroun dans un cycle de polémiques et de fractures sociales, compromettant l'unité nationale pour des générations ». De l'autre, « l'occasion sublime d'incarner la renaissance du Cameroun en transmettant volontairement le flambeau à l'heure décisive ».




La conclusion de la lettre adopte un registre quasi lyrique pour exhorter le président à saisir cette opportunité historique. « L'œil de l'Histoire est braqué sur vous. Votre peuple retient son souffle. La jeunesse camerounaise, muette d'espérance, tend vers vous ses mains invisibles », écrivent les signataires dans un élan poétique qui contraste avec la rigueur analytique du reste du document.




Le message final résume l'essence de leur appel : « En renonçant à octobre 2025, vous n'allez pas abdiquer le pouvoir, vous allez l'accomplir dans sa transcendance ultime ».


Les 43 signataires de cette lettre ouverte forment un panel représentatif de l'intelligentsia camerounaise. Parmi eux figurent des journalistes reconnus comme Baba Wame, le chercheur Stéphane Akoa ou encore Éric Chinje, des universitaires de renom, des avocats comme Alice Nkom et Michèle Ndocki, le cinéaste Jean-Pierre Bekolo, ou encore des leaders d'opinion et des représentants de la société civile.




Au-delà de sa dimension politique, cette lettre ouverte reflète une attente plus large au sein de l’opinion. Reste désormais à voir quelle sera la réaction du président Paul Biya face à cet appel solennel.




-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.


-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com




 
 
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SRIKABLA
Vous plaisantez au Royaume de Biya !.... On ne remplace pas un roi de son vivant, en Afrique...... Paul Biya, MORT, sera succédé par son fils; et quand son fils mourra, c'est le petit fils de Biya qui le succederá...etc, etc....
 
 il y a 4 mois     
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