Côte d'Ivoire : Factures impayées des fournisseurs de l'État, le Tresor ne reconnaît que 1,8 milliard de dû sur les 39,04 milliards réclamés
Une atmosphère tendue règne entre les fournisseurs de l’État regroupés au sein du SYNAFECI (Syndicat National des Fournisseurs de l’État de Côte d’Ivoire) et le Trésor public. À l’issue de deux rencontres clés tenues ce vendredi 11 juillet, respectivement avec des représentants du Trésor public et de la Préfecture des Régions des Lagunes, le SYNAFECI a exprimé sa profonde indignation face à ce qu’il qualifie d’injustice et de mépris institutionnel.
La rencontre au Trésor public, qui s’est tenue de 9h20 à 10h20, faisait suite à une intervention d’une haute autorité auprès du Ministre des Finances et du Budget, Coulibaly Adama. La délégation du SYNAFECI, conduite par son président Gré Faustin, espérait obtenir des éclaircissements sur l’état d’avancement du paiement de plusieurs factures validées depuis des années.
Cependant, l’échange avec les représentants du Trésor, Messieurs Angaman, N'Da, Sylla et Mme Marla a rapidement tourné à la désillusion. Contrairement aux engagements antérieurs pris par les responsables du Trésor, notamment lors d’une réunion le 30 avril 2024 où le Directeur général du Trésor, M. Ahoussi Arthur Augustin Pascal, avait reconnu l’existence de plus de 35 milliards F CFA en attente de paiement, les fonctionnaires présents ont annoncé que seuls 1,8 milliard F CFA étaient actuellement jugés payables sur un total de 39,04 milliards F CFA soumis.
La justification avancée : une partie des factures serait devenue caduque après plus de quatre années d’attente, d’autres seraient inexploitables en raison de la perte de pièces justificatives… au sein même du Trésor public.
Le SYNAFECI s’interroge : comment expliquer autant d’acharnement sur certains montants colossaux, notamment les 32,3 milliards et 997 millions F CFA, si ceux-ci ne sont pas censés être payés ? Le syndicat dénonce un climat de corruption et d’opacité, où des fonctionnaires, parfois apparentés à de hauts responsables réclameraient illégalement jusqu’à 50% des montants dus avant tout paiement, selon des témoignages recueillis auprès de certains fournisseurs.
Face à ce qu’il considère comme de la mauvaise gouvernance chronique, de la cupidité, du mépris institutionnel et de la désinformation, le SYNAFECI entend hausser le ton. Il appelle à une mobilisation générale lors d’un SIT-IN pacifique le mercredi 16 juillet 2025 à 7h30 devant l’immeuble SCIAM au Plateau, pour réclamer justice, transparence et paiements dus.
Une seconde rencontre avec la Préfecture d’Abidjan, censée permettre l’organisation pratique de cette mobilisation, n’a malheureusement pas pu se tenir dans les conditions prévues. La délégation du SYNAFECI, présente de 11h à 13h10, n’a pas pu rencontrer la responsable en charge du dossier. Un nouveau rendez-vous est fixé pour le lundi 14 juillet.
Le Président du SYNAFECI, Gré Faustin, rappelle que les fournisseurs ont toujours privilégié le dialogue pour préserver la paix sociale. Mais il prévient : « Trop, c’est trop. Nous ne pouvons plus rester les boucs émissaires d’un système où règnent impunité, lenteurs administratives, et intérêts privés ».
À travers cette mobilisation, le SYNAFECI espère faire entendre la voix des centaines d’entreprises ivoiriennes en difficulté, victimes d’un système qu’il juge profondément défaillant. Une revendication simple : être payés pour des services rendus à l’État, dans le respect de la loi, de la dignité et de la transparence.
Wassimagnon
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