C’est dans une atmosphère studieuse et pleine d’espoir qu’a eu lieu ce mercredi 23 juillet 2025 à Abidjan, la cérémonie de restitution des résultats de l’enquête 2024 de l’Observatoire des habitudes de consommation d’assurance (OCHA). Une initiative portée par la Chaire d’Actuariat, en partenariat avec l’ASACI, les services publics et des acteurs privés, qui marque une avancée majeure dans la transformation du paysage assurantiel ivoirien.

Représentant la ministre de l’Économie, du Plan et du Développement, Nialé Kaba, le Directeur de cabinet Yéo Nahoua a ouvert la cérémonie en saluant la synergie entre les secteurs public et privé. Il a rappelé le faible taux de pénétration de l’assurance en Côte d’Ivoire estimé entre 1,2 % et 1,6 %, contre 12 % dans les pays développés et insisté sur la nécessité de renforcer la résilience économique des ménages et des entreprises.

Selon lui, l’enquête OCHA constitue un outil d’aide à la décision pour mieux cerner la perception des risques, la consommation des produits d’assurance et l’image du secteur. Elle vient compléter les efforts de l’État, déjà soutenus par la Banque mondiale, notamment à travers l’intégration de modules sur l’assurance santé dans les enquêtes sur les conditions de vie des ménages.

Le Directeur général de l’ENSEA, Dr Hugues Kouadio, est revenu sur la genèse de la Chaire d’Actuariat, née en mars 2023 d’un partenariat entre l’ENSEA et l’INPHB. Placée sous la présidence du Dr Karim Diarrassouba, Directeur général d’Africare, elle répond à trois objectifs clés.

Former des experts en actuariat, finance et statistiques pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, promouvoir les techniques actuarielles adaptées aux réalités locales et produire des données essentielles pour l’assurance et la protection sociale.

Ses trois axes d’action, formation initiale, formation continue, et recherche en font un levier stratégique. Le lancement de l’Observatoire OCHA constitue le premier grand fruit de cette dynamique.

Dr Kouadio a également annoncé l’ouverture, en janvier 2026, d’un master professionnel pour renforcer les compétences des acteurs du secteur.

Prenant la parole à son tour, Dr Karim Diarrassouba, Président de la Chaire, a exprimé sa fierté devant les résultats obtenus en si peu de temps. Pour lui, la Chaire est un pont entre le monde académique et le monde professionnel, un cadre d’innovation, de formation et de recherche au service du développement économique et social.

En tant que réassureur à la SICARE, il a souligné l’impact immédiat de la Chaire, qui a permis de recruter trois actuaires formés localement et d’accueillir plusieurs stagiaires. Il appelle à renforcer cet élan, notamment par la création d’un Observatoire des risques d’incendie.

Sur le plan financier, Dr Diarrassouba a indiqué que sur les 510 millions FCFA nécessaires au programme triennal 2023–2025, 185 millions ont déjà été mobilisés grâce au soutien de partenaires comme la Fondation AFRICARE, l’ASACI et Africaré Assurance Vie. Il lance un appel aux entreprises à rejoindre cette initiative d’avenir, et annonce déjà les prémices du programme 2026–2028.

Pour Mamadou Koné, Président de l’Association des membres de la Chaire et de l’ASACI, cette enquête est bien plus qu’une production scientifique. Elle s’inscrit dans un programme global de réformes visant à structurer un écosystème assurantiel fondé sur la donnée.

Il a mis en lumière plusieurs projets majeurs, notamment, la digitalisation des attestations d’assurance (depuis 2022), générant des milliards de données dans le secteur automobile, le projet ICONSTAT, remplaçant les constats papier par des constats numériques, la plateforme de gestion des recours entre compagnies, pour accélérer le traitement des sinistres matériels et l'ASACI Santé Connect, une future plateforme nationale de centralisation des données médicales basée sur l’identifiant CAT-APNAM.

Selon lui, ces initiatives permettront une meilleure analyse des comportements, une meilleure tarification des risques, et un pilotage stratégique plus efficace. La Chaire, grâce à ses compétences et à son ancrage institutionnel, est appelée à jouer un rôle central dans cette nouvelle ère.

Tous les intervenants ont insisté sur la nécessité de passer à l’action. L’enquête OCHA ne livre pas que des chiffres : elle révèle des signaux, des tendances, des attentes. Elle doit orienter les offres, guider les innovations, et renforcer la confiance entre les assureurs et les assurés.

En conclusion, la restitution des résultats de l’enquête OCHA 2024 marque une étape clé dans la modernisation du secteur de l’assurance en Côte d’Ivoire, en plaçant la donnée, la formation et la recherche au cœur de la stratégie nationale. Une dynamique est en marche, il appartient désormais à tous les acteurs de s’en saisir.

Notons enfin que le taux de pénétration de l’assurance en Côte d’Ivoire va de 1,2 % à 1,6 %, la Couverture santé est mesurée à 1,37 %.

Wassimagnon