Côte d'Ivoire : Mieux certifier pour mieux soigner, le pays réforme ses certificats de décès
Les autorités sanitaires ivoiriennes amorcent un virage décisif pour améliorer la fiabilité des données liées aux causes de décès.
Lors d’un atelier de dissémination organisé ce jeudi 25 juillet 2025 à Cocody, le ministère de la Santé, en partenariat avec Vital Strategies et l’Université Johns Hopkins, a présenté les résultats du projet pilote « Vers la certification médicale des causes de décès ». Une initiative capitale pour redonner du sens aux statistiques mortuaires en Côte d’Ivoire.
Face à l’imprécision chronique des certificats de décès, le professeur Samba Mamadou, Directeur général de la Santé, n’a pas mâché ses mots .
« On écrit parfois des choses aberrantes dans nos registres. Même dans les certificats délivrés pour les enterrements ou les actes d’état civil, les causes de décès ne sont pas clairement définies. Un pays comme la Côte d’Ivoire ne peut pas s’en contenter ! »
Comment mener des politiques sanitaires efficaces si l’on ignore de quoi meurent les Ivoiriens ? En l’absence de données fiables, toute stratégie devient hasardeuse. D’où l’importance cruciale de cette certification médicale normalisée, qui permettra de classer les décès selon la Classification internationale des maladies (CIM-11).
Lancé en septembre 2024, le projet a permis de former 57 médecins dans les cinq CHU du pays ainsi qu’à l’Institut de Cardiologie. Il s’appuie sur un formulaire international de l’OMS, longtemps méconnu ou mal utilisé. Résultat : plus de 1 170 certificats valides ont été collectés, analysés et codés, révélant des profils de mortalité jusqu’alors ignorés, notamment une prévalence inquiétante des AVC chez les jeunes.
Pour le Dr Alain Koffi, enseignant-chercheur à l’Université Johns Hopkins, l’incohérence du système était manifeste.
« Jusqu’à présent, chaque CHU utilisait un certificat différent. Le certificat classique ne fournit que des informations minimales ; il ne permet pas d’identifier ce qui a réellement causé la mort. Le formulaire de certification médicale est complexe, mais essentiel. Grâce à lui, on peut savoir ce qui tue dans le pays et ajuster nos politiques. »
Au-delà des chiffres, c’est un véritable changement de culture que le projet cherche à impulser. Pour la Dr Bamba Fatoumata Touré, coordinatrice du Programme national santé mère-enfant, c’est aussi une occasion inédite de mieux comprendre les décès maternels et néonatals.
« Ces décès sont encore un véritable fléau dans les pays en développement. Avec des données fiables, nous pourrons comparer les chiffres à l’échelle internationale et mieux cibler nos actions. »
Le projet met en lumière l’urgence d’un cadre légal, de formations continues, mais aussi d’une digitalisation du processus, grâce à des outils comme DORIS ou ANACOD-3. La prochaine étape : intégrer le certificat de décès dans le dossier patient informatisé, actuellement en développement.
En somme, ce chantier titanesque vise à doter la Côte d’Ivoire d’un véritable système de veille sanitaire, fondé sur des données fiables et exploitables. Comme le résume le professeur Samba Mamadou.
« Si l’on ne sait pas de quoi les gens meurent, comment prétendre les sauver ? »
Wassimagnon
Infos à la une
mieux soigner un cadavre ? sérieusement ?
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
