Bello Bouba Maïgari (Ph)

L'ancien fidèle de Paul Biya a dévoilé ce vendredi un programme de rupture après cinq décennies dans les arcanes du pouvoir.

À 78 ans, Bello Bouba Maïgari, -allié historique du président camerounais Paul Biya-, le leader de l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) a officiellement rompu une alliance vieille de 28 ans pour défier son ancien mentor lors de la présidentielle d'octobre 2025.

Lors d'une conférence de presse tenue vendredi 8 août, l'ancien Premier ministre a dévoilé un programme de transformation du Cameroun, marquant une rupture nette avec le système qu'il a pourtant contribué à bâtir pendant des décennies.

« Plan Marshall »

Au cœur de ses propositions figure un programme de réconciliation nationale et de réformes qu'il entend mettre en œuvre dès ses six premiers mois de mandat. Le candidat promet notamment un « Plan Marshall » de 60 000 milliards de francs CFA pour relancer l'économie camerounaise.

Parmi ses mesures phares, Bello Bouba Maïgari s'engage à rapatrier la dépouille d'Ahmadou Ahidjo, premier président du Cameroun indépendant, décédé le 30 novembre 1989 et actuellement inhumé à Dakar.

Sur le plan institutionnel, le candidat propose une révision constitutionnelle comportant une réduction du mandat présidentiel à cinq ans renouvelable une seule fois, instauration d'un scrutin à deux tours, et abaissement de l'âge électoral à 18 ans. Il souhaite également organiser un référendum sur la forme de l'État camerounais et transformer la chambre des comptes en cour des comptes.

Crise anglophone

L'un des défis majeurs du Cameroun actuel la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, figure également dans ses priorités. Maigari propose un « débat vraiment inclusif » pour résoudre ce conflit qui perdure depuis plusieurs années, accompagné d'une loi d'amnistie générale pour tous les détenus d'opinion.

Cependant, la candidature de Bello Bouba Maïgari soulève des interrogations. Présent dans les couloirs du pouvoir depuis 1972, il a occupé des postes de premier plan sous les présidences d'Ahmadou Ahidjo puis de Paul Biya, dont il fut Premier ministre en 1982.

Cette longévité exceptionnelle - plus de cinq décennies au sommet de l'État - interroge sur sa capacité à incarner le changement qu'il revendique désormais. Certains observateurs politiques soulignent qu'à 78 ans, il appartient à la même génération que Paul Biya, âgé de 92 ans, et questionnent la sincérité de sa rupture avec un système qu'il a longtemps servi.

Les observateurs politiques rappellent qu'il a occupé plusieurs ministères dans l'administration Biya et était encore récemment ministre d'État, soulignant sa position au sein du gouvernement qu'il critique aujourd'hui.

Pour Bello Bouba Maïgari, le défi sera de convaincre l'électorat camerounais de sa capacité à incarner le renouveau après une carrière entière passée au service du système qu'il dénonce. Ses détracteurs pointent une certaine opportunité électorale, tandis que ses partisans y voient l'expérience nécessaire pour réformer l'État de l'intérieur.

La candidature de Maïgari s'inscrit dans un contexte particulier où plusieurs anciens alliés de Paul Biya ont rompu avec le pouvoir. Bello Bouba rejoint une liste de plus en plus fournie de candidats déclarés, parmi lesquels Cabral Libii (PCRN), Joshua Osih (SDF) et Serge Espoir Matomba (PURS).

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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