Feu Kiffy

La région du Gôh est plongée dans la tristesse depuis l’annonce du décès de Sa Majesté Kiffy Zié Jean Gervais, chef du village de Payopa, survenu dans la nuit du jeudi 28 au vendredi 29 août. La nouvelle, relayée dès les premières heures du jour, a bouleversé non seulement sa ville d’origine, mais également un large cercle d’africains qui reconnaissaient en lui un symbole de dignité et de sagesse.

Homme de tradition mais aussi d’ouverture, Kiffy Zié avait marqué son époque par sa capacité à allier les valeurs ancestrales aux exigences contemporaines. Au-delà de Payopa, son influence s’était étendue à toute la région du Gôh, puis à la Côte d’Ivoire entière, où il incarnait un repère moral et un défenseur acharné de la cohésion sociale. En 2008, il avait acquis une dimension continentale lorsqu’il fut choisi pour présider le Forum des Souverains et Leaders Traditionnels d’Afrique, une structure née de la volonté de renforcer le rôle des autorités coutumières dans le devenir politique et culturel du continent.

Son engagement en faveur de la paix et du rapprochement des peuples faisait de lui une voix respectée dans les débats sur l’avenir de l’Afrique. Ceux qui l’ont connu parlent d’un homme dont la parole apaisait, d’un médiateur toujours disponible, et d’un leader qui croyait profondément au pouvoir de la tradition pour construire l’unité et l’harmonie.

À Payopa comme dans les autres localités du Gôh, la consternation est immense. Les populations s’organisent déjà pour rendre les hommages dus à son rang, mêlant rites coutumiers et reconnaissance officielle. Pour ses proches et pour toute la communauté africaine des chefs traditionnels, sa disparition ouvre un vide difficile à combler. Mais au-delà de la douleur, demeure l’assurance que son nom restera associé à la promotion de l’identité africaine et à la quête d’une paix durable.

En quittant ce monde, Sa Majesté Kiffy Zié Jean Gervais laisse derrière lui un héritage spirituel et culturel dont l’éclat ne s’éteindra pas, rappelant que certaines figures, par la force de leur engagement, continuent de vivre à travers la mémoire collective.

Jean Chresus, Abidjan