Côte d'Ivoire : Secteur éducation-formation-recherche, le ministre Adama Diawara alerte sur le déficit criant d'enseignants dans les disciplines scientifiques
La rentrée scolaire 2025-2026 a été officiellement lancée lundi dernier au Lycée Classique d’Abidjan, en présence d’un invité de marque : le Professeur Adama Diawara, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Devant un parterre d’élèves, d’enseignants, de responsables administratifs et de partenaires de l’éducation, l’ancien élève de cet établissement emblématique a livré un discours fort, sincère et sans langue de bois sur la situation critique de l’enseignement scientifique en Côte d’Ivoire.
« Je me vois encore assis sur les bancs de la seconde C-17, de la première C-1 et de la terminale C-1… comme si c’était hier », a lancé le ministre avec émotion en évoquant ses années passées au Lycée Classique d’Abidjan. Mais très vite, le ton devient grave : la Côte d’Ivoire est confrontée à un défi majeur dans son système éducatif, notamment dans les filières scientifiques.
Le Pr Diawara a mis en lumière un déficit préoccupant d’enseignants dans les disciplines scientifiques, aussi bien au secondaire qu’au supérieur. Selon lui, l'on enregistre 1 453 postes vacants en mathématiques et 958 en physique-chimie, dans les collèges et lycées publics.
Au niveau universitaire, la situation est encore plus critique : en 2024, sur 34 postes ouverts en mathématiques, seuls 4 candidats se sont présentés. En physique, 7 candidats pour 35 postes. « Bonjour les dégâts ! », a commenté le ministre, visiblement préoccupé.
Le manque d’enseignants s’explique en grande partie par le désintérêt croissant des élèves et étudiants pour les matières scientifiques. Les chiffres sont édifiants :
"Sur 133 518 bacheliers en 2025, seuls 2 293 sont issus de la série C (scientifique), soit 1,72 %. Au niveau universitaire, seulement 2,41 % des 346 786 étudiants sont inscrits en mathématiques ou physique-chimie", a-t-il mentionné.
Un paradoxe inquiétant pour un pays qui aspire à l’émergence et qui doit pouvoir compter sur un vivier de scientifiques pour soutenir son développement industriel et technologique.
Le ministre n’a pas manqué de rappeler que le développement d’un pays repose sur le triptyque éducation–formation–recherche. Pour inverser la tendance, plusieurs mesures ont été engagées, le recrutement exceptionnel d’enseignants contractuels au secondaire, le recrutement de 700 enseignants-chercheurs par an depuis trois ans dans l’enseignement supérieur et les investissements massifs dans les équipements scientifiques, bien que encore insuffisants.
Cependant, pour lui, l’État seul ne peut pas tout faire. Il plaide pour des stratégies systémiques à long terme afin de susciter l'intérêt des jeunes pour les sciences, mais aussi pour revaloriser le métier d’enseignant, souvent perçu comme moins attractif que d’autres carrières dans le secteur privé ou à l’étranger.
Le ministre a également évoqué la nécessité de transformations structurelles pour permettre à la Côte d’Ivoire de passer d’une économie agraire à une économie industrielle. Cette transition passe par l’innovation technologique, domaine dans lequel le pays est encore en retard.
Il cite l’exemple du swollen shoot, une maladie du cacaoyer qui réduit drastiquement la production nationale de cacao, et pour laquelle la recherche scientifique locale peine à apporter une solution efficace.
En conclusion, le Pr Adama Diawara a lancé un appel vibrant à la jeunesse : « Le pays a besoin de ses scientifiques. Il faut que les élèves s’intéressent davantage aux mathématiques et à la physique. Il faut aussi que ceux qui étudient ces disciplines acceptent de devenir enseignants. »
Avec ce discours sans complaisance, le ministre de l’Enseignement supérieur a rappelé que l’avenir scientifique et technologique de la Côte d’Ivoire est entre les mains de ses jeunes, et que l’éducation demeure le socle de toute ambition nationale.
Wassimagnon
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