Joseph Chebongkeng Kalabubse

Le Conseil national de la Communication (CNC) du Cameroun a récemment notifié les principales chaînes de télévision et stations de radio du pays qu'elles devront modifier leur programmation habituelle durant la période de campagne électorale présidentielle.

Suite à une rencontre organisée à Douala la semaine passée avec les représentants de la presse, l'organisme de régulation a transmis des instructions officielles aux médias. Ces nouvelles règles entreront en vigueur le 27 septembre, marquant le lancement officiel de la campagne en vue du scrutin présidentiel prévu le 12 octobre.

Les chaînes audiovisuelles se verront contraintes d'interrompre temporairement leurs programmes habituels de discussions politiques. En lieu et place, elles devront proposer des contenus standardisés et des bulletins spécialisés consacrés à la campagne électorale.

Justification officielle

Joseph Chebongkeng Kalabubse, qui dirige le Conseil national de la Communication, défend cette mesure en invoquant le respect du cadre légal existant. Selon lui, cette approche vise à garantir un traitement équitable de tous les candidats en lice.

L'objectif déclaré consiste à remplacer les programmes à dimension politique par des créneaux de communication électorale et des journaux spécialisés, assurant ainsi une égalité de traitement entre les différents prétendants. Cette restriction temporaire ne devrait durer que quinze jours, après quoi les médias pourront retrouver leur grille de programmation habituelle.

Cette décision suscite néanmoins des critiques au sein de la profession. Marion Obam, qui préside le Syndicat national des Journalistes du Cameroun (SNJC), conteste la légitimité de cette intervention.

Elle souligne que les émissions de débat dominical bénéficient d'une forte audience et remet en question la méthode employée par le régulateur. Selon elle, assurer le respect du pluralisme et de l'éthique journalistique ne nécessite pas forcément l'interdiction ou la transformation forcée des programmes existants.

La responsable syndicale suggère qu'une formation préalable des dirigeants de médias aurait constitué une approche plus constructive. Elle interroge également sur la nature restrictive des interventions du CNC et son absence apparente dans la régulation normale du secteur médiatique camerounais.

Climat de tension

Le syndicat des journalistes fait état d'une détérioration de l'environnement de travail depuis le début de l'année. L'organisation rapporte une recrudescence des pressions, tentatives d'intimidation et menaces à l'encontre des professionnels de l'information.

Face à cette situation, le SNJC encourage les journalistes camerounais à poursuivre leur mission d'information dans la sérénité, malgré les contraintes imposées.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com