Biya

Après plus de quatre décennies de régime Biya, une nouvelle dynamique citoyenne émerge au Cameroun avec un objectif sans équivoque : transformer l'élection présidentielle du 12 octobre 2025 en « référendum contre la dictature ».

C’est dans cette optique que le mouvement « 237 - Socialists & Democrats », coordonné par Jean Robert Wanko, annonce l'organisation prochaine d'un conclave réunissant les 11 candidats de l'opposition.

Médiation pour l'unité de l'opposition

Le mardi 16 septembre 2025, une délégation du mouvement a été reçue en audience par Sa Majesté le Roi Jean Rameau SOKOUDJOU, figure emblématique de la résistance camerounaise. Au cours de cette rencontre, une copie de son « Manifeste pour la Refondation Républicaine et la Renaissance Démocratique du Cameroun » a été remise au Roi. 

Le mouvement de la Diaspora, explique que le choix de Sa Majesté le Roi SOKOUDJOU comme médiateur principal n'est pas anodin. Cette personnalité morale très respectée est invitée à jouer un rôle central dans les tractations en cours pour « favoriser l'émergence d'un leadership collectif capable de porter les aspirations profondes du peuple camerounais ».

Conclave en préparation

L'innovation principale de cette démarche réside dans l'organisation prochaine d'un conclave sous le haut parrainage royal. Cet événement, organisé conjointement avec plusieurs associations de la société civile, réunira les 11 candidats de l'opposition dans un objectif précis : « jeter les bases d'une coalition populaire et stratégique, capable de fédérer les énergies, les intelligences autour d'un programme commun et d'une candidature consensuelle ».

Selon le communiqué du mouvement, transmis à Koaci, plusieurs personnalités et médiateurs de renom ont déjà marqué leur accord pour participer à ce conclave, « convaincus de la nécessité d'un sursaut patriotique pour la libération et refondation du Cameroun ».

Constat accablant, urgence du changement

Le diagnostic établi par ce mouvement transpartisan dresse un tableau alarmant du Cameroun contemporain. La crise politique se caractérise par un verrouillage institutionnel systémique, l'étouffement des libertés fondamentales et un système électoral opaque et partial. Sur le plan sécuritaire, le pays fait face à un conflit armé persistant dans les régions majoritairement peuplées des Camerounais d'expression anglaise et aux menaces terroristes dans le septentrion.

L'économie nationale présente des signes de délabrement avancé : le chômage endémique frappe particulièrement une jeunesse désabusée, les infrastructures se dégradent et le système sanitaire montre ses limites. Cette situation multidimensionnelle justifie, selon les initiateurs du mouvement, l'impératif d'un changement radical au sommet de l'État.

Stratégie en sept piliers pour 2025

La dynamique « 237 - Socialists & Democrats » maintient son approche articulée autour de sept axes fondamentaux :

Premièrement, l'unité de l'opposition constitue le préalable absolu, désormais concrétisé par l'organisation du conclave. Le mouvement appelle à dépasser les querelles internes et les ambitions personnelles pour désigner un candidat consensuel capable de transcender les intérêts partisans.

Ensuite, la mobilisation populaire représente le second pilier, avec un engagement massif des citoyens, notamment des segments démographiques clés : jeunes, femmes et diaspora. L'objectif est de transformer la participation électorale en véritable mouvement citoyen.

Au troisième rang, le programme politique ambitieux se fonde sur une feuille de route privilégiant la justice sociale et la gouvernance transparente, avec des solutions innovantes adaptées aux défis contemporains du Cameroun.

Comme quatrième axe, la stratégie électorale moderne qui exploite les outils numériques pour mener une campagne efficace et mobilisatrice, capable de toucher l'ensemble du territoire national et la diaspora.

Autre pilier, la protection de l'intégrité électorale qui implique une surveillance rigoureuse du processus électoral pour défendre la vérité des urnes face aux tentatives de manipulation.

Toujours selon le Mouvement « 237 - Socialists & Democrats », la réconciliation nationale vise la reconstruction du tissu social par le dialogue inclusif, notamment pour résoudre la crise anglophone par l'organisation d'assises nationales.

Enfin, la révolution générationnelle qui promeut l'émergence de jeunes talents et de profils novateurs dans la gouvernance future du pays.

Critères du candidat idéal

Le manifeste définit avec précision les critères du candidat idéal pour incarner cette alternance historique. Il doit posséder une expérience avérée en gouvernance ou un engagement démocratique reconnu, jouir d'une crédibilité et d'une intégrité irréprochables, démontrer un leadership fédérateur capable d'unir l'opposition fragmentée, porter une vision progressiste avec des solutions innovantes, et manifester un engagement inclusif respectueux de la diversité camerounaise.

Feuille de route pour l'après-Biya

Au-delà de la victoire électorale, le mouvement projette déjà la période post-électorale avec l'installation d'un Gouvernement de Transition chargé de restructurer le pays. Cette phase transitoire devra préparer l'organisation d'élections libres et équitables tout en menant les réformes institutionnelles nécessaires.

L'engagement citoyen se poursuivra par des campagnes de sensibilisation participatives utilisant la communication moderne et les outils numériques. L'élaboration d'un projet de gouvernance détaillé garantira une transition fluide vers un « Cameroun renouvelé ».

Héritage historique et mobilisation générale

Ce mouvement s'inscrit délibérément dans la continuité des luttes historiques camerounaises, depuis l'Union des Populations du Cameroun (UPC) jusqu'au retour au multipartisme en 1990. Il rend hommage aux héros de la résistance camerounaise et se positionne comme l'héritier de ces combats pour l'indépendance et la liberté.

Le mouvement réaffirme sans ambiguïté que « le seul enjeu de cette élection est le départ de Paul Biya et de son régime, car le Cameroun ne peut se reconstruire tant que ce système reste en place ». Jean Robert Wanko, coordonnateur général dudit mouvement, insiste sur le fait que « le temps n'est plus aux calculs individuels. Le peuple attend une réponse claire, forte et unitaire ».

Malgré les défauts reconnus du processus électoral camerounais, le mouvement appelle paradoxalement les citoyens à participer massivement au vote du 12 octobre 2025. Cette participation doit s'accompagner d'un engagement dans les campagnes de sensibilisation et d'une vigilance constante pour défendre l'intégrité du scrutin.

L'élection présidentielle de 2025 au Cameroun s'annonce ainsi comme un moment charnière de l'histoire politique du pays. Le succès de cette entreprise dépendra désormais de la réussite du conclave prévu et de la capacité de l'opposition à surmonter ses divisions pour mobiliser massivement un électorat en quête de changement après plus de quatre décennies d'un même régime.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com