Côte d'Ivoire: « Sans institutions solides, les gains de productivité ne bénéficient pas à la population », prévient Caroline Fredrickson, Directrice du Département de la recherche de OIT
Trente ans après le premier Sommet mondial pour le développement social de Copenhague, la promesse d’un monde plus juste reste plus que jamais d’actualité. À cette époque, 186 pays s’engageaient à placer l’être humain au cœur des politiques de développement, reconnaissant que la justice sociale constitue le socle d’un progrès économique durable. Aujourd’hui, à l’approche du second Sommet prévu en novembre 2025 à Doha, cet engagement connaît un regain d’urgence.
Dans une tribune, Caroline Fredrickson, Directrice du Département de la recherche de l’Organisation internationale du travail (OIT), rappelle que si des avancées considérables ont été réalisées depuis 1995, les défis restent immenses. L’extrême pauvreté a été réduite de 39 % à 10 %, le travail des enfants de moins de 14 ans a diminué de moitié, et plus de la moitié de la population mondiale bénéficie désormais d’une forme de protection sociale. Mais les inégalités, elles, persistent.
« Le lieu de naissance détermine encore plus de la moitié des revenus d’une vie », alerte Fredrickson. Pire encore, plus de 800 millions de personnes vivent toujours avec moins de trois dollars par jour. Ces réalités mettent en péril l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) de l’Agenda 2030, en particulier l’ODD 8 relatif au travail décent et à la croissance économique, dont seulement deux tiers des cibles sont aujourd’hui atteints.
Au cœur des enjeux actuels, le travail décent apparaît comme une véritable boussole pour orienter les politiques publiques. Il ne s’agit pas seulement de gagner sa vie, mais de favoriser des sociétés plus égalitaires, éduquées, écologiquement responsables et économiquement stables. Pour l’OIT, la justice sociale passe par un emploi productif, équitablement rémunéré, sûr, librement choisi et respectueux des droits fondamentaux.
Mais cet idéal ne se concrétise pas sans efforts. « Sans institutions solides, les gains de productivité ne bénéficient pas à la population », souligne Caroline Fredrickson. Éducation, égalité des chances, répartition équitable des richesses, représentation des travailleurs et des employeurs : autant de piliers qui nécessitent des politiques publiques robustes et un dialogue social renforcé.
Le monde du travail est aujourd’hui confronté à trois transitions majeures : la transition écologique face à l’urgence climatique, la révolution numérique qui transforme les modes de production et d’emploi, et les mutations démographiques qui redéfinissent les besoins sociaux. Ces bouleversements, s’ils ne sont pas accompagnés par des politiques inclusives, risquent d’accentuer les fractures économiques et sociales.
C’est pourquoi la tenue du deuxième Sommet mondial pour le développement social à Doha, en novembre 2025, revêt une importance stratégique. Cette rencontre internationale réunira gouvernements, syndicats, employeurs et membres de la société civile pour faire de la justice sociale une priorité concrète.
À l’initiative de l’OIT, la Coalition mondiale pour la justice sociale a été lancée pour renforcer la coopération internationale et accélérer les progrès. En rassemblant l’ensemble des parties prenantes, cette plateforme vise à transformer les engagements pris en actions tangibles, à l’échelle nationale comme internationale.
« La justice sociale n’est pas une utopie, elle est la seule voie possible vers un avenir durable pour toutes et tous », conclut Caroline Fredrickson. Car au-delà des discours, ce sont des choix politiques, économiques et institutionnels qui permettront de faire coïncider prospérité économique et progrès social.
À moins de cinq ans de l’échéance de l’Agenda 2030, le monde est à la croisée des chemins. Et la justice sociale en est la boussole.
Wassimagnon
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