Côte d'Ivoire : Instauration des cours de renforcement au CP1, à Abobo, des parents d'élèves dénoncent une “escroquerie déguisée” des écoles privées
Chaque rentrée, la même polémique refait surface dans les écoles primaires privées d’Abobo en particulier et de tout le district d'Abidjan et même au delà. Les parents d’élèves dénoncent la prolifération des “cours de renforcement”, imposés dès le CP1 souvent présentés comme optionnels, mais devenus incontournables. Et surtout, payants.
Dans plusieurs établissements, ces séances supplémentaires sont facturées à 5 000 FCFA par enfant, en plus des frais de scolarité déjà jugés élevés. Officiellement, il s’agit d’un simple appui pédagogique. En réalité, beaucoup de parents parlent d’une obligation déguisée.
« Ces cours sont censés être facultatifs, mais si ton enfant n’y participe pas, il est perdu en classe », explique une mère d’élève d’Abobo.
Selon de nombreux témoignages, les devoirs notés et les évaluations portent souvent sur les leçons vues pendant ces cours payants, ce qui contraint les parents à s’y soumettre pour ne pas désavantager leurs enfants. La conséquence, c'est la double dépense, c'est à dire, les frais scolaires d’un côté, et les cours de renforcement “imposés” de l’autre.
« Nous payons déjà des répétiteurs à la maison. Et maintenant, on nous impose encore ces cours. C’est du racket organisé », s’indigne un père de famille.
Pour beaucoup, ces pratiques relèvent d’une véritable extorsion, destinée à gonfler les revenus des écoles privées, au détriment des ménages modestes.
Au-delà de la question financière, des enseignants tirent la sonnette d’alarme sur l’impact psychologique et physique de ces rythmes imposés à des enfants de 5 ou 6 ans.
« À cet âge, ils ont besoin de jouer, pas de passer leurs journées sur les bancs », confie une institutrice d’une école publique.
Dans le public, aucun cours de renforcement payant n’est pratiqué. Les élèves y suivent un rythme plus adapté, ce qui accentue la frustration des parents du privé, qui ont le sentiment de payer plus pour épuiser leurs enfants.
Face à ces dérives, les parents se posent la question de savoir si le ministère de l’Éducation nationale est informé de cette pratique. Si oui, pourquoi n'agit -il pas ?
Ils réclament une réglementation claire : interdire ces cours au primaire, ou à défaut, en garantir la gratuité, pour ne pas creuser davantage les inégalités entre les enfants.
Car ce qui devait être un soutien scolaire s’est transformé, pour beaucoup de familles, en un fardeau économique.
Une question demeure : jusqu’à quand continuera-t-on à fermer les yeux sur une pratique qui fragilise les parents et épuise les plus jeunes ?
Wassimagnon
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
