Côte d'Ivoire : Renforcement de la lutte contre les VBG, des acteurs plaident pour l'inscription du féminicide comme infraction dans le code pénal
Face à la persistance des violences basées sur le genre (VBG) en Côte d’Ivoire, les acteurs de la société civile redoublent d’efforts pour faire reculer ces atteintes aux droits humains. Malgré les initiatives de l’État et l’implication des organisations communautaires, la prise en charge des survivantes et survivants demeure encore insuffisante et manque de coordination.
Les chiffres publiés en 2024 par le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant témoignent de l’ampleur du phénomène : 9 607 cas de VBG ont été recensés, dont 920 viols, 2 030 agressions physiques, 1 798 violences psychologiques, 287 agressions sexuelles, 153 mariages forcés et 25 mutilations génitales féminines. Des données alarmantes, mais révélatrices d’un progrès important : la culture du silence cède progressivement la place à la dénonciation.
C’est dans ce contexte que le réseau Alliance Droits et Santé Côte d’Ivoire (Alliance 225) regroupant l’AFJCI, l’ASAPSU, LEADAFRICAINES, MESSI, ONEF et RIJES, en partenariat avec le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN) a organisé le jeudi 27 novembre 2025 à Abidjan, un café-débat consacré aux causes profondes des VBG et à la recherche de réponses collectives renforcées.
Le panel a réuni plusieurs spécialistes à savoir, Adou Honorine, juriste, experte-formatrice VBG et responsable de la formation à l’AFJCI, Dr Toh Zérégbé, médecin et
Ghislain Pelbien Coulibaly, sociologue et spécialiste du genre et de la masculinité positive.
À l’issue des échanges, Ghislain Coulibaly a livré une analyse marquante de la situation. Il rappelle qu’en 2010, seulement 711 cas avaient été signalés. « Aujourd’hui, nous sommes à 9 607 cas. Cela n’indique pas une hausse des violences, mais un progrès de la dénonciation, rendu possible grâce à la collaboration entre l’État, le secteur privé, les partenaires internationaux et la société civile », explique-t-il.
Selon lui, la hausse des signalements traduit une rupture essentielle avec la loi du silence, autrefois dominante dans les communautés. Toutefois, il souligne que les VBG sont profondément liées à des normes sociales et à des comportements enracinés, dont l’évolution demande du temps.
Le sociologue plaide pour un changement structurel. « Il faut institutionnaliser la masculinité positive. Les rapports de pouvoir déséquilibrés restent au cœur du problème. Les droits existent, mais dans la réalité, les femmes demeurent exposées à des violences graves », a-t-il poursuivi.
Il appelle également à une évolution du cadre juridique. « Le féminicide doit être intégré dans le code pénal. La stratégie nationale de 2014 ne prenait pas encore en compte cet enjeu devenu majeur. »
Pour Ghislain Coulibaly, lutter contre les VBG implique une transformation en profondeur des rapports sociaux : sortir des rôles domestiques inégalitaires qui minimisent le rôle productif des femmes, renforcer leur présence dans les espaces de décision afin de promouvoir un leadership féminin transformationnel, et impliquer pleinement les hommes comme alliés du changement.
« Les hommes doivent être partenaires du changement. L’égalité profite à toute la société », affirme-t-il.
Wassimagnon
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