L’atelier de lancement du Projet PRECOCE, « Prévenir les conflits, consolider l’entente dans les territoires transfrontaliers stratégiques », s’est tenu ce 9 décembre 2025 à Abidjan, en présence de représentants institutionnels, de partenaires techniques et financiers, ainsi que d’acteurs de la filière pastorale venus de quatre pays : Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Guinée et Mali.

Financé par l’Union européenne à hauteur de 3 millions d’euros et mis en œuvre par Acting for Life, ce projet ambitieux, d’une durée de 18 mois, vise à prévenir les tensions intercommunautaires liées à la mobilité du bétail dans les espaces transfrontaliers stratégiques. Il touchera près de 72 000 bénéficiaires directs, dont 20 118 en Côte d’Ivoire.

Représentant le Ministre des Ressources animales et halieutiques, Dr N’Gotta Adjoua Aïcha, Directrice de la Nutrition animale et de la gestion de l’espace pastoral, a insisté sur la pertinence du projet dans un contexte marqué par la fragilité des zones sahéliennes et transfrontalières.

Elle a rappelé que les régions ciblées – Kankan et N’Zérékoré en Guinée ; Folon, Kabadougou, Poro, Bagoué et Tchologo en Côte d’Ivoire ; Sikasso au Mali ; Cascades au Burkina Faso, sont des zones où « cohabitent depuis des générations éleveurs, agriculteurs et commerçants, mais où les pressions foncières et la raréfaction des ressources naturelles exacerbent parfois les tensions ».

Le projet PRECOCE poursuit trois résultats majeurs : mieux comprendre les dynamiques de la filière bétail et de la mobilité animale, opérationnaliser les infrastructures et aménagements agro-pastoraux, et renforcer les capacités des acteurs chargés de la gestion territoriale.

La représentante du ministre a souligné la portée sociale et économique du projet :

« Le projet PRECOCE bénéficiera directement à 71 936 personnes dans les quatre pays concernés. Ce sont là des chiffres significatifs, qui témoignent de l’ampleur et de la portée de cette initiative transfrontalière. »

Elle a également réaffirmé l’engagement du gouvernement ivoirien : « La paix, la cohésion sociale et la bonne gouvernance des ressources pastorales sont des priorités nationales. En lançant PRECOCE, nous faisons un pas décisif vers des territoires plus résilients et pacifiés. »

Au nom d’Acting for Life, Cédric Touquet a mis en avant l’expertise du consortium, engagé depuis plus de 20 ans dans des projets agro-pastoraux en Afrique de l’Ouest.

Il a rappelé que la philosophie d’Acting for Life repose sur un principe fort : ne pas faire à la place des acteurs locaux, mais renforcer leurs compétences. Le projet sera ainsi mis en œuvre avec un large réseau d’organisations professionnelles de la filière bétail dans chaque pays concerné.

Le représentant d’AFL a détaillé le rôle central des Fonds d’Intervention Localisés (FIL), mécanisme flexible permettant d’apporter des réponses rapides aux tensions ou urgences dans les territoires pastoraux : « Les FIL sont gérés par trois catégories d’acteurs : services déconcentrés de l’État, organisations de la société civile et collectivités territoriales. C’est un outil simple, efficace, et qui fait ses preuves depuis 5 à 6 ans. »

Il a également salué la fidélité de l’Union européenne : « L’UE appuie depuis longtemps nos actions dans la filière agro-pastorale. Grâce à elle, nous continuons de renforcer l’entente entre agriculteurs et éleveurs dans plusieurs pays. »

Très attendu, le discours de l’Ambassadeur de l’Union européenne, Irchard Ramiandrasoa Razaaly, a réaffirmé l’engagement clair et assumé de l’UE à soutenir le pastoralisme, la cohésion sociale et la stabilité dans les zones fragiles.

Il a rappelé que l’espace couvert par le projet du nord de la Côte d’Ivoire aux régions frontalières du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée est au cœur des dynamiques sahéliennes : défis sécuritaires, pressions climatiques, mouvements de populations et mutations socio-économiques.

« Les flux de mobilité du bétail ont évolué, les espaces pastoraux se réduisent et les pressions sur les ressources naturelles augmentent. Le défi est immense pour faire coexister différents modes de vie. »

L’Ambassadeur a salué le caractère innovant et inclusif de PRECOCE, qui prévoit, 65 % du financement directement injectés dans les organisations locales, un dispositif souple et réactif, basé sur la localisation, une approche transfrontalière, indispensable pour gérer les réalités pastorales et une grande attention portée à l’inclusion des femmes, des jeunes et des groupes marginalisés.

Il a également souligné la cohérence de PRECOCE avec les autres initiatives de l’UE, notamment en matière de maillage sécuritaire, gestion des mobilités, soutien aux communautés hôtes et renforcement des capacités locales.

« Le projet PRECOCE contribue à la paix durable, une paix qui se construit au plus près des communautés. »

En clôturant la cérémonie d’ouverture, les représentants de l’État, de l’Union européenne et d’Acting for Life ont tous insisté sur l’importance de ce projet dans la prévention des conflits, la consolidation du vivre-ensemble et la résilience des zones transfrontalières.

Avec une mise en œuvre sur 18 mois, un financement européen conséquent et un engagement fort des organisations locales, le projet PRECOCE marque une étape majeure dans la gestion concertée du pastoralisme en Afrique de l’Ouest.

Notons que, débuté ce 9 décembre 2025, cet atelier prendra fin le 12 décembre. Il vise à contribuer à la cohésion sociale entre les différentes communautés dans les zones cibles. Plus spécifiquement, il s’agit d’amener les acteurs locaux à coordonner et cogérer la filière et la mobilité du bétail, ainsi que les urgences directes et indirectes qui y sont liées. Cet objectif sera atteint à travers l’obtention de trois grands résultats.

Wassimagnon