Côte d'Ivoire : Formation professionnelle, le RAFPRO et le FDFP ouvrent le chantier de l'intelligence artificielle à Abidjan
À l’heure où l’intelligence artificielle redessine les économies mondiales à grande vitesse, Abidjan s’impose comme l’un des nouveaux carrefours africains de réflexion stratégique. Ce mardi 9 décembre, le RAFPRO et le FDFP ont lancé un atelier régional d’envergure pour anticiper les bouleversements de l’IA sur les métiers, les compétences et l’employabilité, ouvrant ainsi un débat crucial pour l’avenir professionnel de millions de jeunes Africains.
Pendant deux jours, experts, institutions et partenaires techniques passeront au crible les mutations induites par cette technologie et définiront les stratégies d’adaptation des systèmes de formation professionnelle.
Représentant le ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Apprentissage, Dr N’Guessan Koffi, Moustapha Sangaré a rappelé que l’avènement de l’IA marque une rupture majeure qui transforme profondément les chaînes de production, de la santé à l’agriculture, en passant par l’industrie. Pour lui, l’enjeu pour les pays africains n’est plus d’adopter l’IA, mais de l’intégrer de manière rapide, éthique et inclusive. Il a souligné que cette technologie doit devenir un outil stratégique pour moderniser la pédagogie et renforcer l’employabilité des jeunes, conformément à la vision du président de la République, Alassane Ouattara, engagé pour l’insertion professionnelle de la jeunesse.
Le président du RAFPRO et secrétaire général du FDFP, Dr Philippe N’Dri, a mis en lumière les enjeux majeurs liés à cette révolution technologique. L’IA, a-t-il expliqué, redéfinit déjà les économies africaines, modifie les besoins en compétences et remet en cause les modèles traditionnels de formation et d’organisation du travail. Il a insisté sur l’urgence d’anticiper les risques de choc de compétences susceptibles de marginaliser une partie de la jeunesse, tout en favorisant l’émergence de nouveaux métiers et en modernisant les dispositifs de formation. L’objectif, selon lui, est clair : faire de l’IA un levier de rattrapage technologique et non un facteur supplémentaire de dépendance, afin que l’Afrique devienne non seulement consommatrice, mais aussi créatrice et souveraine dans l’usage de cette technologie.
La directrice régionale du Bureau international du Travail (BIT) pour l’Afrique, Mme Fanfan Rwanyindo, a salué l’initiative, notant que l’IA transforme davantage les tâches qu’elle ne supprime les emplois. Elle a toutefois alerté sur les risques d’inégalités accrus, notamment pour les femmes davantage exposées à l’automatisation en raison de leur forte présence dans les métiers administratifs. Elle a également souligné les risques de creusement des écarts entre travailleurs qualifiés et non qualifiés, ainsi qu’entre zones urbaines et rurales. Pour y répondre, elle préconise le développement de systèmes de compétences flexibles, des lois adaptées aux nouvelles formes de travail et un dialogue social renforcé autour de l’introduction de l’IA.
Les participants consacreront ces deux jours à l’élaboration de propositions opérationnelles articulées autour de plusieurs axes prioritaires, dont l’adaptation des curriculums, la montée en compétences des formateurs, l’accompagnement des entreprises dans leur transformation numérique et la modernisation des mécanismes de financement de la formation professionnelle. Une déclaration africaine sur l’IA et la formation professionnelle est également attendue, afin d’envoyer un signal fort d’une Afrique résolument engagée dans la maîtrise de son avenir numérique.
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
