Zoro Bi Ballo, Pdt de la HABG( DR) 

Le Président de la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance (HABG), M. Zoro Bi Ballo Épiphane, a pris part à une émission spéciale sur une chaîne privée locale , à l'occasion de la Journée internationale de la lutte contre la corruption, le mardi 9 décembre 2025. L'occasion pour lui de revenir sur les actions de la HABG, les avancées réalisées par la Côte d'Ivoire et les défis persistants dans la guerre contre la corruption.

Lors de cet entretien, le Président Zoro Bi Ballo a souligné l'importance centrale de la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance dans le dispositif national de lutte contre la corruption. Depuis sa création en 2013 et son opérationnalisation en 2015, la HABG a vu son rôle se renforcer, non seulement en matière de prévention de la corruption, mais aussi dans l'accompagnement des administrations et du secteur privé pour instaurer des pratiques transparentes.

Le Président a rappelé que l’une des missions majeures de l’institution consiste à promouvoir l’intégrité à travers des programmes de sensibilisation, mais aussi en établissant des outils pour garantir la transparence dans les affaires publiques et privées.

Il a également insisté sur l’importance de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption 2024-2028, qui vise à renforcer les mécanismes existants et à développer de nouveaux instruments de contrôle.

Parmi les actions entreprises, l’éducation à l’intégrité occupe une place prépondérante, à travers des formations et des campagnes de sensibilisation qui touchent aussi bien les jeunes que les professionnels en activité. De plus, la HABG joue un rôle clé dans le suivi et l'évaluation de la bonne exécution de ces politiques anticorruption.

Le Président a par ailleurs mis en avant la plateforme SIGNALIS, un outil sécurisé de dénonciation des faits de corruption, accessible à toute personne souhaitant signaler des comportements ou pratiques suspectes. Cette initiative permet de recueillir des informations et des preuves, facilitant ainsi le travail d’enquête de la HABG, qui collabore étroitement avec les autorités judiciaires et d’autres acteurs du dispositif anticorruption tels que la Cour des comptes et les inspections générales.

En matière de transparence, la déclaration de patrimoine reste l’un des outils phares de la HABG. Selon Zoro Bi Ballo, cette démarche est essentielle pour prévenir l’enrichissement illicite des responsables publics, et il a rappelé que des efforts importants sont en cours pour encourager une plus grande rigueur dans la déclaration des patrimoines. Les responsables publics, notamment les membres du gouvernement, les élus et les magistrats, sont tenus de soumettre leur déclaration de patrimoine dans un délai d’un mois après leur prise de fonction. Le contrôle de ces déclarations vise à garantir l’intégrité et la responsabilité des gestionnaires de fonds publics.

Le Président a aussi souligné l’importance de la digitalisation dans la lutte contre la corruption. Selon lui, l’introduction de systèmes intégrés de gestion budgétaire et d'outils informatiques de suivi des programmes publics permet d’améliorer la transparence dans la gestion des finances publiques. L’automatisation des processus administratifs limite les risques de mauvaise gestion et facilite la détection des irrégularités.

Quant à la question de la protection des lanceurs d'alerte, Zoro Bi Ballo a reconnu certaines faiblesses dans le cadre actuel, notamment en matière de sécurité pour ceux qui dénoncent des faits de corruption. Il a cependant assuré que des mesures étaient en réflexion pour renforcer les dispositifs de protection et encourager davantage de citoyens à s’engager dans la lutte contre la corruption sans crainte de représailles.

Le Président a enfin exprimé son appel à l'engagement des jeunes dans cette lutte. En s’appuyant sur les initiatives de la HABG destinées à sensibiliser et former les générations futures, il a insisté sur la nécessité de construire une culture de l'intégrité dès le plus jeune âge. Des programmes éducatifs sur la bonne gouvernance et des formations sur les principes éthiques dans la gestion publique sont en place pour préparer une nouvelle génération de leaders intègres.

La lutte contre la corruption, a-t-il rappelé, est une tâche collective qui implique l'État, le secteur privé, la société civile, les médias et chaque citoyen. Si la Côte d'Ivoire a réalisé des progrès notables dans les classements internationaux en matière de gouvernance et de transparence, le combat reste de longue haleine et nécessite l'engagement de tous pour faire du pays un modèle d'intégrité et de bonne gouvernance.

Donatien Kautcha, Abidjan