Côte d'Ivoire : Williamsville, un caveau familial squatté, la dernière demeure envahie par des sans-abri
Le caveau (Ph Koaci)
C’est un véritable choc pour une famille d’Abidjan qui a découvert que leur caveau familial à Williamsville, un cimetière de la ville, avait été transformé en logement de fortune par des sans-abri. Ce caveau, autrefois un lieu de paix et de respect pour les défunts, est désormais occupé par des familles entières, des travailleurs comme des menuisiers et même un couturier, tous fuyant la précarité et l'inhospitalité des rues de la capitale économique.
Il est de notoriété publique que ce caveau, destiné à accueillir les restes des membres de la famille après leur mort, avait été rigoureusement sécurisé. Cadenassé et gardé par un vigilant employé payé pour assurer la sécurité de l’endroit, il n’était accessible qu’à la famille et aux proches. Mais, dans le contexte de la crise de logement et des vagues de déguerpissement des populations démunies dans la ville, une partie des sans-abri de la capitale a trouvé refuge à Williamsville, en particulier dans ce caveau apparemment trop vaste pour ne contenir que des corps inanimés.
Le gardien de l'endroit, pourtant investi de la mission de veiller sur cette demeure éternelle, n’avait pas remarqué cette intrusion. Il explique que les visites étaient espacées et que tout semblait se passer dans l'ordre jusqu'à ce que la famille découvre l’irréalité de la situation. Le mois dernier, lorsqu’un membre de la famille s’est rendu sur place, il a été stupéfait de découvrir une véritable colonie s’étant installée dans les lieux : des familles entières cohabitant avec des meubles, des bouteilles de gaz, et des outils de travail. "Il y avait même un couturier qui vivait dans le caveau," raconte un des petits-fils, visiblement abasourdi par ce qu’il a vu. Un entrepreneur agréé, responsable de la construction de l'infrastructure, n’a pas manqué de manifester sa surprise face à une telle occupation.
Face à cette intrusion, la famille n’a pas hésité à réagir. Consciente du respect dû aux défunts, elle a immédiatement changé les cadenas, renforcé les chaînes et entamé des travaux de réhabilitation pour restaurer le caveau à son état initial. "Nous venons plus souvent pour surveiller. Il y a toujours des tentatives de vol et de forcage," déplore l'un des membres de la famille, expliquant que malgré les mesures prises, le problème demeure récurrent.
Tout remonte au mois de février dernier où cette situation qui met en lumière une réalité préoccupante dans la ville d’Abidjan met l'accent sur le nombre de personnes sans domicile fixe, qui sont prêtes à tout pour trouver un toit, même s’il s'agit d'un endroit aussi sacré que le caveau familial.
Les habitants de Williamsville, et plus généralement d’Abidjan, sont désormais conscients de la nécessité de protéger leurs dernières demeures. "Si vous avez un caveau ici, vous savez ce que vous devez faire", avertit un membre de la famille.
Dans ce cas, un caveau bien sécurisé pourrait bien faire toute la différence entre le respect de la mémoire des défunts et l’exploitation de leur dernière demeure par ceux qui, dans leur désespoir, cherchent un refuge dans les endroits les plus inattendus.
Jean Chresus, Abidjan
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