

Côte d'Ivoire: Les ex-employés de l'ONI accusent des cadres de l'IGE et de l'ONECI d'avoir détourné les fonds destinés à leur indemnisation
Plus de deux décennies après leur licenciement, les anciens agents de l’Office National d’Identification (ONI), aujourd’hui transformé en Office National de l’État Civil et de l’Identification (ONECI), crient leur détresse.
Dans un dossier qui remonte à 2001, ces ex-employés affirment n’avoir jamais perçu les mesures d’accompagnement promises après leur éviction. Pourtant, selon eux, les fonds auraient bel et bien été débloqués par l’État entre 2016 et 2018, sur instruction du président Alassane Ouattara. Alors, où est passé l’argent ?
C’est la question à laquelle tente de répondre le collectif des ex-agents licenciés de l’ONI. Réunis ce mardi 06 mai 2025 à Yopougon autour de leur porte-parole, Amari S. Marcel, ils affirment que leurs droits ont été réglés, mais qu’aucun franc ne leur est parvenu. "Nous avons la certitude que nos droits ont été payés entre 2016 et 2018 mais nous ne savons pas où c’est passé. Parce que nous n’avons rien touché", a déclaré M. Amari. À ses yeux, certains cadres de l’Inspection Générale d’État (IGE) et de l’ONECI auraient détourné les sommes qui leur étaient destinées.
Le dossier remonte à 1991, lorsque ces agents avaient été recrutés pour travailler dans le cadre du Projet Sécurité, chargé de l’identification des citoyens ivoiriens et de la délivrance des documents officiels. Ils assurent avoir accompli leur mission avec engagement et compétence, jusqu’à leur licenciement soudain en 2001. Selon eux, aucune indemnité n’a été versée, ni même une tentative de réintégration.
En 2015, lors d'une visite d'État dans la région de la Mé, leur situation est portée à la connaissance du chef de l'État, à travers un courrier transmis par les autorités préfectorales. Le président Ouattara aurait alors mandaté M. Niamien N’Goran, alors Inspecteur Général d’État, pour étudier leur cas et proposer une solution. S’ensuivent plusieurs réunions impliquant des représentants du collectif, de l’IGE et de l’ONI, notamment avec l’ex-DG de l’ONI, M. Konaté Diakaridja, et la cheffe du personnel, Mme Yéo Anne-Marie.
Un rapport aurait été transmis à la Présidence, recommandant un dédommagement. Mais depuis, silence radio. Les engagements pris n’ont pas été honorés, et les anciens agents, pour la plupart aujourd’hui à la retraite ou proches de l’âge limite, peinent à faire valoir leurs droits.
Dans une lettre ouverte adressée récemment au chef de l’État et sur laquelle, le collectif revient, il exprime sa profonde inquiétude et lance un appel solennel à l’intervention présidentielle. Ils réclament, à défaut d’une régularisation immédiate, un accès aux conclusions des travaux menés par l’IGE, l’ONECI et leurs représentants. "Cette situation, qui dure depuis de nombreuses décennies, met en péril notre sécurité financière et notre bien-être, malgré les services rendus avec loyauté à notre pays", affirment-ils.
Le collectif affirme également avoir appris que le président de la République avait autorisé le paiement de leurs droits entre 2016 et 2018. Une information qui, si elle est confirmée, soulève de graves interrogations sur la gestion de ces fonds. Pour les ex-agents, il ne fait aucun doute : l’argent a été détourné. Mais par qui ? Et comment ? Ils attendent des réponses à ces interrogations.
"Nous sommes disposés à fournir tous les documents et preuves nécessaires à l’appui de notre requête (contrat de travail, bulletins de salaire, etc.)", avancent-ils. Ils demandent également à être reçus ou entendus dans le cadre d’une commission d’audience afin d’exposer leur situation.
Ce cri du cœur relance une affaire vieille de plus de 20 ans où la justice sociale et la transparence dans l’administration publique ivoirienne sont mises à rude épreuve. Le président Ouattara, interpellé publiquement, prendra-t-il des mesures pour faire toute la lumière sur cette affaire ? Le collectif des anciens agents de l’ONI, lui, reste mobilisé, espérant toujours avoir une oreille attentive auprès du Président de la République et obtenir réparation après tant d’années d’attente.
Wassimagnon

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