

Côte d'Ivoire : À Bouaflé, la reforestation prend racine comme un acte de rénovation écologique et communautaire
Reboisement
Sur les sols appauvris de la forêt classée de Bouaflé, une nouvelle lueur d’espoir a vu le jour le mercredi 21 mai 2025. Là où les arbres coupés et les sols dénudés témoignent des années de pression humaine et de négligence, une initiative audacieuse de restauration forestière a été lancée. Le projet, porté par l'entreprise Beyond Beans en partenariat avec ETG, en collaboration avec Forest Cover et avec le soutien technique de la SODEFOR, vise à réhabiliter 27,5 hectares de forêts dégradées en à peine 21 mois. Mais au-delà des nombres et des délais, il s'agit d'une véritable reconquête du vivant, avec une ferme volonté de faire converger efforts privés, savoir-faire publics et engagement citoyen.
Le geste inaugural – la plantation symbolique d’un hectare parmi les 27,5 envisagés – a été plus qu’une simple cérémonie : il a marqué le commencement d’un processus de résilience environnementale. Sur les parcelles choisies, 60 000 plants d’essences locales telles que le fraké, le makoré ou l’acajou seront progressivement introduits. Ces espèces, sélectionnées pour leur parfaite compatibilité avec l'écosystème local, incarnent l’ambition du projet : redonner à la forêt ses fonctions écologiques, économiques et culturelles.


Pour Dyssa Aïchatou Vanessa, coordinatrice chez Forest Cover, ce lancement représente le premier pas d’un chemin exigeant. Il ne s’agit pas seulement de planter, mais de veiller, d’accompagner et de sensibiliser. L'implication des communautés avoisinantes a été placée au cœur du processus. Des campagnes de sensibilisation, des sessions d’information sur le Code forestier, et des discussions ouvertes ont précédé la phase opérationnelle, établissant une dynamique participative essentielle à la pérennité du projet.
Cette approche inclusive vise également à réparer. Car la forêt de Bouaflé, autrefois dense et vibrante, a subi de lourdes pertes en raison de la déforestation, notamment liée à la culture intensive du cacao. Le lieutenant Konaté Salim, responsable local de la SODEFOR, en témoigne avec clarté : le reboisement est désormais une priorité nationale, et chaque contribution extérieure est un allié précieux pour stopper la spirale de la dégradation.
Parmi les voix qui se sont exprimées lors du lancement, celle de Daisy Leich, responsable du programme d'agroforesterie chez ETG Beyond Beans, a rappelé le rôle historique du secteur privé dans la déforestation, tout en soulignant sa responsabilité dans la restauration : reconnaître, réparer et agir. Selon elle, cette reforestation n’est pas un acte isolé, mais l’illustration d’un nouveau modèle de partenariat écologique et solidaire.
Les populations locales accueillent ce projet comme une seconde opportunité. Pour Kouadio Marcelin, leur représentant, cette replantation est une bouffée d’optimisme. Elle ravive l’espoir d’un équilibre retrouvé entre exploitation et préservation, entre développement local et protection de la nature. Il appelle cependant à la vigilance, rappelant que les efforts passés de reboisement ont parfois échoué faute de suivi ou face à l’appétit croissant pour de nouvelles terres agricoles.


En restaurant Bouaflé, ce sont les bases d’un avenir plus vert qui se dessinent. Un futur où chaque arbre replanté est un acte de foi dans les générations futures. Ce projet, en alliant expertise, financement et mobilisation communautaire, fait bien plus que réparer une forêt : il trace la voie d’une Côte d’Ivoire réconciliée avec son patrimoine naturel. À un moment où la restauration du couvert forestier national devient une urgence, Bouaflé pourrait bien devenir l’un des symboles d’un renouveau environnemental en marche.


Jean Chresus, Abidjan

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