

Côte d'Ivoire : Un centre de santé abandonné à Ehia (Aboisso), là où tomber malade, c'est risqué
Centre de santé sous les herbes à Ehia (Ph KOACI)
Dans le sud-est de la Côte d’Ivoire, à quelques kilomètres d’Aboisso, le village d’Ehia est le lieu d'une tragédie muette. Au cœur de cette bourgade tranquille, un édifice aux murs craquelés, envahi par les herbes et l’oubli, se dresse comme un symbole d'indifférence. Ce bâtiment, un centre de santé érigé il y a deux ans et supposé être un signe de progrès, n’a jamais vu de patients franchir son seuil. Il incarne désormais l’écart frappant de l'accès aux soins pour des milliers d'Ivoiriens.
L’image est désolante : une structure nouvellement construite, mais abandonnée sitôt achevée. Pas d’équipement. Pas de personnel. Pas d’ouverture. Tandis que les murs se lézardent et que la nature reprend ses droits, les habitants d’Ehia en paient le prix fort. Des femmes enceintes s’effondrent en route pour accoucher, des enfants malades sont transportés sur plusieurs kilomètres à bras : c’est le quotidien d’un village laissé pour compte.
Chaque voyage vers le centre de santé le plus proche est un risque de trop. Il ne s’agit plus de confort, mais de survie. « On se sent oubliés, abandonnés. On enterre nos proches à cause d’un centre qui existe mais qui ne fonctionne pas », confie un habitant d’une voix empreinte de colère retenue.
Ehia n’est pas un cas unique. Mais elle représente maintenant le cri d’alarme d’une population qui n’a pour réponse que son désespoir face au silence des autorités. Que faudra-t-il de plus pour que l’État prenne action ? Combien de décès encore avant de réaliser l’urgence ? Il ne s’agit pas d’un luxe, ni d’une faveur. C’est du droit fondamental à la santé, garanti par la Constitution, dont il est question, mais tous les jours ignoré à Ehia.
Les habitants ne peuvent plus patienter. Ils exigent, non pas des promesses, mais des faits : la réhabilitation immédiate de ce centre, son équipement, la venue de soignants compétents, et surtout, son ouverture réelle.
Ehia ne demande pas la charité, seulement la justice. Chaque jour de silence supplémentaire est un jour de souffrance de trop.
Jean Chresus, Abidjan

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